mardi 3 mai 2016

Espraiar, la plage est dans le verbe!

Et puis il y a, commence Bosseigne, les métamorphoses de la langue et du chat.

Mon parent est en forme ce soir, me suis-je dit. Si je me sentais plutôt mal en point (à cause de ce projet de voyage dans la ville capitale?), lui resplendissait de je ne sais quelle joie printanière.

Notre chat, précisa-t-il. Notre chat est une pie.
Tu veux dire...
Exactement ce que tu comprends. Il en est de même pour les animaux et la langue. Ils se transforment parce qu'ils sont vivants.
Je ne te suis pas...
Bien sûr que non, tu as sommeil. Ou tu es malade. Tes yeux sont étrécis à force d'essayer d'y voir. Le vent sans doute a réveillé tes vieilles allergies...
Tu ne peux pas commencer quelque chose sans le finir! Reviens à cette histoire de chat!
Soit! Quand tu regardes une pie, que vois-tu?
Du noir, du blanc, un envol aussi.
Et le chat?
Du noir, du blanc.
Justement! Notre chat est une pie clouée au sol. D'où ses problèmes de peau.



Bosseigne allait décidément trop vite pour moi. Je me sentais de plus en plus mal. Aussi loin de sa jeunesse exubérante que possible.

Explique-moi ce mystère, ai-je repris, plus par envie de lui être agréable que par réelle curiosité.
C'est simple. Les animaux, au cours de leurs vies,  ont plusieurs formes comme les verbes et les humains.
Les verbes? Voilà autre chose.
Non, la langue dit tout ce qu'il faut savoir. Longer par exemple. Est-ce que tu longes autre chose que la mer?
Un pré? Une clôture?
Mais la mer tout de même!
C'est vrai que ce verbe est lié dans mon esprit à la mer, au rivage.
A une plage!
Sans doute. Mais où veux-tu en venir?
Tu es passionnée par la langue portugaise?
Oui, mais ça n'a rien à voir avec notre chat et encore moins une pie!
Détrompe-toi. Tout est lié. Comme dans la phrase.

Bosseigne triomphe toujours. Je devrais le savoir. Il triomphe parce qu'il n'est jamais affecté par le vent, le soleil ou le froid. Il est toujours lui-même. Ravi de me montrer mes impuissances? En tout cas, assez content de lui pour éclater de rire devant ma mine dépitée.

Espraiar, que contient en lui-même ce verbe portugais?
Praia?
Gagné!
Mais il existe aussi alastar, distender, ladear, margear, marginar, orlear...
Il n'empêche. Espraiar parle dans le mot de la mer qu'il faut longer pour que tu retrouves ta santé.
Comment ça?
Tu as besoin de ce bruit du vent mourant qui ressemble aux vagues sur le rivage...
C'est vrai.
Et tu as besoin de notre chat noir et blanc pour ne pas détester trop fortement les pies?
Oui. Et alors?
Rien. C'est notre vie qui fait se tenir ensemble les couleurs et les verbes, le bruit du vent et le flux et le reflux de la mer. On n'y peut rien. Et plus que notre vie, c'est.
La langue?
L'amour aussi. Mais tu as raison. Il est temps de nous reposer. J'ai acheté un nouveau café chez le torréfacteur, goût italien. Demain matin, régal garanti!



On ne peut pas contredire Bosseigne.
Et puis je n'en avais ni la force ni l'envie.
Et malgré moi, je me réjouissais déjà de l'odeur du café du matin.
Et puis, j'aimais bien cette plage qui se glissait dans la page.
Comme une longe à suivre dans le verbe longer.
Oui, à suivre jusqu'à demain!



6 commentaires:

  1. Siga, Mar, Albufeira, Gato, Pega... des mots du voyage. "Obrigado, boa viagem", même nous le dit la pompe à essence ! Mais qui nous parlera du Lac ?

    RépondreSupprimer
  2. Oh merci !
    Juste une note : je m'obstine à laisser des commentaires sur ton blog ( et sur d'autres...) hélas je ne suis jamais averti des réponses désormais ! alors il me faut me souvenir où... et ce n'est pas si facile. Je pense que cela vient des nouvelles configurations des blogs. Ou alors... je ne sais pas faire !

    RépondreSupprimer
  3. un peu bête : vient de trouver la case à cocher "m'informer !"!!!

    RépondreSupprimer
  4. Tu vois! En tout cas c'est plaisant de te retrouver là!

    RépondreSupprimer
  5. J'aime les commentaires laissés directement sur les blogs : à l'occasion, on les retrouve longtemps après ! Hélas les Facebookiens n'ont pas cette habitude et leurs mots disparaissent dans les profondeurs du-dit mur FB !

    RépondreSupprimer