vendredi 6 mai 2016

Attenti al cane! (le retour du fauteuil?)

Tout à l'heure une voix sur la rue expliquait à un enfant la singularité de notre porte.
Comme je lisais derrière la haie, j'étais invisible, mais j'entendais ce qu'expliquait la voix.
Regarde, disait-elle, toutes ces bêtes sur cette porte.
L'enfant a demandé si c'étaient des crocodiles.
Mais non, ai-je cru bon de dire en me levant et en venant vers ces inconnus, ce sont des lézards.


Il y avait là une dame assez corpulente et un enfant à vélo.
C'est mon petit-fils, a expliqué la dame. Il veut tout comprendre.
J'ai raconté que je collectionnais les lézards depuis qu'une amie finlandaise m'avait donné ce nom de sisilisko, qui désigne en finnois indifféremment le mâle ou la femelle lézard.
Ah bon, a réagi la dame, vous avez l'air d'aimer les langues étrangères. Même le chinois!
Le finnois est la langue parlée par les finlandais, l'ai-je repris.
D'accord, mais vous n'aimez pas tous les animaux!
Comme je manifestais l'air de qui ne comprend pas l'allusion, la dame a montré le panneau cloué sur la porte d'entrée.
Et puis, a-t-elle enchaîné, votre porte n'est pas banale.
C'est juste une collection, ai-je avancé. Il y a même un dauphin et une hirondelle portugaise. ( En réalité un corbeau lisboète, mais je n'allais pas rajouter encore un peu plus de confusion à notre échange).
Mais la mettre sur une porte, c'est ça qui est pas banal. Et puis les chiens, ça n'a rien à voir avec les lézards.

Que répondre à tant de logique animale? J'ai esquissé un geste d'abandon et le petit garçon a dit: on s'en va, mamie?



Mais là, en rouge, c'est une salamandre, non, a repris la dame.
Oui, sans doute et là, c'est mon chien, ai-je ajouté en montrant le Blond.
Il est méchant, a demandé l'enfant.
Non.
Alors,  a repris la grand-mère, pourquoi vous avez mis ce panneau?
Personne ne comprend l'italien, à part vous, ai-je rétorqué en riant.
C'est vrai qu'ici ne passent que des allemands et des anglais et en courant encore, a-t-elle opiné.
Et vous, ai-je ajouté.
Oui, mais nous, on est d'ici.

Pas vous, a-t-elle dû penser.
Pas vous.

Je lui avais brouillé l'esprit en mélangeant les langues, finnois, italien, français, c'était une vraie bouillabaisse, comme aurait dit ma mère. Une soupe de langues vivantes! Quelqu'un qui aime tant les mélanges ne peut être qu'un étranger. Ou alors quelqu'un qui vient de la mer. Ne m'avait-on pas dit quand nous nous étions installés que nous étions dans un pays de terre et que ceux comme moi venus de Marseille ne pouvaient tout à fait comprendre?

En tout cas, je tenais une bonne histoire à raconter à mon Bosseigne quand il serait de retour.
Qui sait, peut-être reviendrait-il avec son fauteuil?
Il était parti avec son air des mystères.
On pouvait donc s'attendre à tout.
Même au retour du fauteuil.
Enfin!






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