vendredi 29 juin 2018

Cent/sans carré



 
collage SD

Carré 100 sans fin

Caressant l’absent du bout des doigts est-ce dire assez ce qui n’existe pas si le pain existe que je fais chaque jour ou presque le carré où a-t-il existence qu’ai-je vu ce matin la jeune caissière belle et brune me disant qu’elle n’aime pas trop l’odeur du savon d’argan alors que son mari aime tellement se laver avec ce s. que je venais d’acheter nous avons parlé de la peau et elle a souri tandis que je mettais les courses dans le caddie est-ce vraiment une phrase précise je n’en suis pas sûre dans le supermarché de l’autre côté du fleuve il faisait glacial à l’intérieur et le boucher lui aussi souriant a dit mieux vaut froid dedans pour la viande mais dehors si chaud choc thermique nous avons ri ensemble mais ça c’était avant de passer à la caisse il faut dire les choses en ordre surtout quand on en arrive à la fin après se posera la question du comment rythmer une heure de courses à écrire là carré 100 ce qui advient si on frotte assez fort la lampe tu survis avec si peu mais pas sans rien éclosion d’artichauts et hop mais aussi tu meurs de presque rien un peu de nous s’en va chaque désastre minuscule est majuscule de près de loin en dire peu parce que les limites sont étroites frontières pour ajuster faits et gestes du dehors au dedans alors gâteau au pavot pour rétablir le vertige en équilibre sur pointe des pieds élider des lettres dire m. que tous dans la file d’attente comprennent sans avoir à mettre les lettres suivantes évite bien des déceptions avant de construire la cabane il est inutile de lire les instructions tenez-le vous pour dit ce que confirme j.m.g. cabane de bric et de broc abri asile vers lequel on ne peut que s’acheminer sans fin caressant des yeux ces carrés

(24 mai)











vendredi 22 juin 2018

Où l’on découvre






…que l’on sait faire pousser haricots s’en émerveiller pas de quoi pourtant ricane sur l’épaule la huppe maligne à ton âge elle compte recompte 1, 2, 3, 4, 5 haricots verts de quoi pas cuire ou en salade avec beaucoup de pommes de terre pour si peu de verdure Te rappelle ta mère et les soldats allemands tu te souviens qu’elle les appelait haricots verts sans doute la raison de ta détestation enfantine de ces légumes qu’aujourd’hui tu cajoles comme trésors au carré potager que tu couves des yeux désherbes - pas assez énergiquement au goût de la huppe - bichonnes arroses t’extasiant sur aubergines bébés te faisant peut-être penser à la nipotina qui s’annonce au ventre rond de sa mère y allant avec le Petit comme vers un lieu de métamorphoses inouïes lui racontant fadaises sur fadaises pour lui fabriquer une nature d’insectes et de plantes extraordinaires Contre ces mots tu as la réponse prête à fuser par exemple la coccinelle la libellule ou encore les extraordinaires minuscules oursons d’eau dont parle m.van.h. ou le ver de terre que trop d’adultes trouvent répugnant alors que. et l’enfant est de ton avis qui respectueuesement l’a saisi entre deux doigts pour le porter jusqu’au carré découvrant qu’il était déjà mort tu lui as dit il nourrira la terre Lui opinant du chef comme un sage c’est bien Certains jours lui et toi devenez les robinsons du jardin les aventuriers du banal Ses parents eux aussi travaillent dans le même sens vous obstinant tous à créer un paradis au milieu de l’enfer à raison peut-être la huppe hoche sa huppe que savons-nous presque rien si ce n’est que ces simples almanachs des jours bien utiles aux carrés encore de l’arabe crie une voix bien connue à laquelle facilement tu rétorques dans un jardin la lune est essentielle pour connaître le bon jour où planter semer un beau carré

22 juin





jeudi 21 juin 2018

Carré 9 presque carré de plein air






99 nombre inversé 66 si ce n’est le diable son double qui dévore ou dieu qui en toi échoues ou réussis à redresser tenir les murs border de fils noirs les trous effilochés tandis que le ciel se dégage au-dessus de la table vers le sud et que le volcan se calme peut-être juste 99 m. la tuyauterie de l’immeuble grommelle éructe grogne ce sera jour sans eau là-bas feu sur mer à noyer les gens le propriétaire a prévenu ses locataires en écrivant à la main un avertissement aimable pour les informer de ce qui va leur arriver répétant nous sommes assis très haut dans le ciel de manière à ( au choix ) voir ne pas voir ( au choix ) la lune la misère tout de même ça  élève la pensée la prose ce que laisse à penser le titre choisi par p.k. l’alléger aussi le sac devient bulle langagière branle potagère en une danse sursauttée qui ne blesse pas les pauvres jointures de sd ni de qui que ce soit en ce jardin ressaut de la mer aux rehauts de crasse dorée sur la margelle du bassin où glissent des voiles le vieux chinois ce matin penché sur la jardinière de sa fenêtre-balcon coupait ses fleurs fanées avec de petits ciseaux brillant de lumière pendant que je préparais le café je le regardais depuis l’étage des bonnes tout en bas l’odorante cour carrée où le propriétaire de l’immeuble a agencé un jardin de pots et de bacs fleuris et parfumés en haut le ciel lui et moi dans la compagnie de gros oiseaux impudents juchés sur les cheminées et les balcons Martinets planant filant et la question reste en suspens que le jardinier et moi nous posions en scrutant les nuages va-t-il pleuvoir des voix lointaines nous parviennent depuis le boulevard pas de travaux aujourd’hui pas de réponse non plus du météorologiste samedi vide dans le six neuf carré

9 juin

mardi 5 juin 2018

Carrés 6 et 7, dépenses sans recettes




Agenda 1932 Félix Potin (dont on découvrira qu’il est daté au crayon  de 1934 et que janvier commence en juin 32. Au passage on retrouve Renée et Fredo. Sans oublier Jeanne. Celle qui écrit fait tenir plusieurs années de compte en une année Félix Potin. Les semaines sont numérotées et cavalcadent de dépenses en dépenses. Les chaussures de Renée coûtent plus cher que celles de Jeanne. Il y a des bonbons pour Renée, des chemises, des chaussures, une blouse. Renée grandit. Il y a un achat pour une robe de Jeanne. Pour un corset aussi. Et la couturière. En avril 1934, un déjeuner avec Marie-Laure coûte 22,75. Le coiffeur pour Jeanne est plus cher que pour Renée. Pour elle on note le coût de la pension et le train. On se chauffe au charbon. On paie des hypothèques. En décembre on note l’achat d’une paire de chaussures de 101,00. Pour Jeanne. C’est elle qui tient les comptes. Fredo disparaît. Il ne coûte plus rien. Le 25 juin, on fête Pâques puisqu’est notée la dépense pour Renée de 3 francs.

Crémerie  8,70
Pain  1.-
Champignons Paris 2,50
Tickets métro 15,50
Pain   1.-
Café beurre  11,30
Poissons   9,20
Filet de bœuf  4,60
Coiffeuse   6.-
Savon blanc 1,85
Ticket tram 6.-
Chaussures Jeanne  80.-
Pipe Fredo 25.-
Epicerie 10,40
Vin 2 bout. 7.-

Total 190,05

Jeudi 2 juin




Fruits œufs 8,85
Pain 1,50
Saindoux 6.-
Bifteak 6.-
Confiture 5.-
Renée Gâteaux 2.-
Divers 1,85
Pain -50
Œufs 2,40
Electricité 27,95
Filet bœuf § ?éà
Fromage œufs 3,30
Pain 1.-
Vin 3,50
Ticket tram 6

Total
82,05

vendredi 3 juin

vendredi 1 juin 2018

Carré 5 carni-vore



ligne bleue SD



Nous vivons loin de plus en plus la moquerie nous éloigne des mots ils quittent le sac à regret et nous pas tout à fait je+je nous nous éloignons dérivons désespérons du bout de terre égarée que nous défrichons et hop repartis mais plus loin redoutant le gouvernorat et sa loterie nationale redoutant les séries de mauvaises surprises redoutant le bruit de ce qui se brise au sol en faisant saleté demain nous tenterons à nouveau de parler la langue nous ne savons plus que ça boire du glacé alors reposons sans l’ouvrir le livre sur le lit blanc nous rêvons de blancheur d’indigo ce visage nous vient comme il vient nu sans effet sans atours sans ce qui d’ordinaire abrite l’esprit le corps s’éloigne je regarde des pieds abîmés usés il y a des gens qui savent définir le moindre grain de peau et pour l’amie f.st.r. et sa main qui écrit je suis capable de faire à présent un ñ rendant correctement grâce au nom de l’écrivain chilien dont j’ai appris hier soir qu’il n’était pas du dernier moderne comment faire revient sous les doigts des pieds ce sont les miens ainsi les nomme-t-on par convention la mort commence par là puis remonte jusqu’au plus haut tant qu’elle a de la place pour avancer n’empêche la contemplation de l’herbe ranime les forces la même petite question de l'enfant qui rejoint le noyau de c.k. reste en suspens sur la couverture du livre à venir comment faire pour fêter comme il se doit l’agneau je n’aime pas cette idée de renoncer à la viande pour gagner mon paradis suis-je encore une fois un-e écrivain-e retardataire regard carnivore tourné vers l’est par dessus l’épaule gauche à chercher derrière soi ce qui vient droit devant le solstice déjà le 1° juin biche et léopard blanc bondissent foutant le bordel dans ce carré


(1° juin)