mercredi 26 juin 2019

Notule et bonne heure rime avec canicule ce matin et fraîcheur...

 
photo SD
 
Fraîcheur au jardin, encore un peu de vert qui rajeunit la marche, pieds nus dans l'herbe. Un poussin a éclos. Ici on s'agite, là on ronronne. On se carapate, on contourne l'obstacle, on referme volets et fenêtres, on espère le soir quand finit le matin. On a retrouvé la petite tortue que nous avions découverte, par hasard, au jardin. Patience, dit le chat de cheshire dans son arbre invisible. 
Magnolia et ses fleurs, plants de tomates, l'eau les irrigue. Jusqu'à quand?
La poésie, elle, dans sa rareté, irrigue longuement la journée. Sur la table, Littoral 12 d'Anne Calas, et les Loups de Sophie Loizeau. Hier, dans la pénombre de la chambre, relecture de Lobo Antunes et ce mot venu aux lèvres, merci. De quoi rafraîchir le temps. Patience. Notule du 27 juin.

dimanche 2 juin 2019

L'énigme d'une arrivée


L’énigme de l’arrivée
 
L'Eygues, 1° juin

Matinée au jardin avec pour commencer lecture de Naipaul. Le titre du livre que je questionne depuis longtemps est d’abord le titre d’un tableau de De Chirico. Ensuite c’est un récit de V.S.Naipaul sur un long séjour qu’il fit (plusieurs années) près de Stonehenge, dans un pavillon  appartenant à une vaste propriété. Il y a des passages que je lis et relis souvent, sur le rapport au paysage, au travail des hommes et du temps qui ne s’interrompt jamais, sur les voisins, les gens qui l’entourent et qu’ils croisent, lui l’indien de Port au Prince qui a décidé à 17 ans de devenir écrivain un peu sur un coup de tête.
Comment changer le regard sur ce qui nous entoure, découvrir le changement plutôt que la dégradation. Je comprends à chaque lecture nouvelle combien ce livre aura été précieux pour ses lecteurs. J’y reviens comme on revient vers un lieu aimé. On sait qu’on retrouvera inchangé le jardin, mais qu’on aura soi-même changé. Ou si le jardin change, il s’y opère des métamorphoses, un lent remuement de la terre. Un bougement des racines et des branches incessant.
Il faudrait citer plusieurs passages qui disent tellement mieux que ce que je peux dire.
« …dans son état d’abandon même j’avais trouvé le parc à son apogée…la vraie beauté de ces lieux reposait sur des choses accidentelles, imprévues : les pivoines qui s’ouvraient très lentement dans la pénombre verte, sous les ifs ; l’iris bleu solitaire parmi les grandes orties ; le jeune chevreuil qui, des mois durant, gîta dans les roseaux…s’étant aperçu que les humains ne venaient pas de ce côté. »
« J’avais pourtant trouvé moyen d’écrire. J’avais trouvé moyen – et vingt ans plus tard, cela m’apparaissait comme un coup de chance de m’inscrire dans le monde. Vingt ans d’une vie qui avait été à l’opposé de celle de mon propriétaire m’avaient amené là où je trouvais le réconfort des débris de son parc, les débris de sa vie à lui. Débris qui avaient pourtant conservé un élément de grandeur. »
Toute la journée ou presque, au jardin. Relecture des épreuves d’un livre à paraître.
Jardinage, arrachage, arrosage et plantation. Une poule couve cinq œufs.
Et sur le soir, une rencontre inattendue : nous découvrons une minuscule tortue de terre enterrée dans les herbes que nous arrachons à pleines mains. Une autre énigme : d’où vient-elle, si petite ? Son arrivée nous enchante. Et c’est bien finir la journée que de la saluer et de l’installer dans une petite caisse avec eau et salade.
 Hier les pieds dans l'Eygues, aujourd'hui dans la terre.
Une manière de saluer Naipaul là où il est. Dans le livre posé sur la table.
2 juin