jeudi 17 février 2022

Carré 52

 Carré 52



Commencer par recommencer chaque jour un carré là où tant d’autres engloutissent du chocolat pour oublier leur condition leurs cendres volèteront comme les mots qu’on n’a de cesse de répéter en guise d’incantations pleines d’aigreur mais la mort s’en fout le ressassement ad nauseam de ce qui aurait dû être à la place de ce qui a été commis n’a jamais ouvert la bouche des morts seule peut-être la petite promeneuse en rouge descendant la colline avec une sorte de joie enfantine ou l’amandier un peu surpris de sa floraison rose les deux se rejoignant sans se presser pour retrouver entre l’église et la lavoir un troisième personnage féminin vêtu d’un haut rouge volanté à la taille et d’un pantalon blanc cette dernière soulevant chemise et pull pour dénuder un court instant son ventre clair sans forfanterie juste comme ça pour dire je me suis habillée à la va que je te pousse riant de son âge rêvant du printemps qui revient je me suis arrêtée à sa hauteur j’avais garé mon auto plus haut dans un virage pour regarder à loisir la fille en rouge et l’amandier les prendre en photo ce rouge sur les herbes vertes de la colline la pluie d’hier a ravivé les couleurs un ménage nécessaire pour inaugurer ce qui arrive avec le mois de mars la voisine sur la place m’a confié attendre avril fin du passeport obligatoire elle la passeuse de frontière venue en douce dans le ventre de sa mère le tracé des lignes sur le sol sait-on ce qu’il signifie a demandé un vieux de retour d’algérie les boucles d’oreille j’en ai perdu une il faut appeler saint antoine et tu la retrouveras du marseille maternel au portugal de lobo antunes dans cette situation amé appelle un de ses oncles mort depuis presque cent ans le saint laïc des retrouvailles on a évoqué devant elle petite fille le loustic buveur chasseur coureur qui n’avait qu’un talent celui d’aider les autres à retrouver ce qui était perdu tandis que le cochon mange le souvenir de mon frère et le don continue après sa mort dans le carré






jeudi 3 février 2022

Carré en vrac

 Carré en vrac


C’est le vrac qui l’emporte tu apportes un sac de tissu tu le remplis puis le pèses et hop tu as économisé du plastique du papier en bref tu as acheté en vrac ce que tu achètes d’ordinaire emballé l’écriture est-ce la même chose avec un carré tu remplis sans peser mais tu fourres tout en vrac l’origine des langues et des peuples avec le lombric du compost retrouvé dans un livre mais aussi le cheval blanc et le cheval noir encore échappés ce matin la poste du village voisin est ouverte je vais envoyer de vraies lettres et c’est aussi signe que ça revient l’encre qui tache un peu les doigts quelqu’un en rouge descend le talus avec un chien noir tout passe très vite dans le paysage le vent n’agite pas les pins comme les chênes le pin bouge latéralement les chênes défeuillés bougent maladroitement notre rosier aussi la cloche est à peine audible à cause de la tempête une invisible s’est décidée à venir entrouvrir la porte de l’église cheveux blancs dans le matin on dirait l’émissaire de l’hiver qui se glisse à l’intérieur et dans peu de temps ressortira dans le soleil tiède le vent a fini par caler déracinant ailleurs un mimosa mais pas le moindre dégât ici mon aujourd’hui fourmille du désir de courir à grandes enjambées respirer ce qui se prépare la femme aux cheveux blancs repousse la poussière entrée avec le vent sur le parvis où les ombres traversent les pierres les autres personnes qui ont charge d’ouvrir l’église ne se donnent pas tant de peine la chaise en plastique n’a pas quitté sa place sous le cèdre la vigneronne a repris du poil de la bête et parle fort comme aux vendanges les oiseaux dit la postière en prenant mon courrier sont revenus l’impatience du printemps ajoute-t-elle en me demandant si je veux choisir un carnet de timbres en riant je choisis les fleurs on en a besoin dis-je quelles sont-elles pensées primevères pétunias marguerites violettes gentianes fleuriront donc mon carré