vendredi 13 mai 2016

A cause des roses dans le jardin, cette année si nombreuses...

J'ai écrit ces histoires. Rosa d'Ouro. Plusieurs femmes. Et ce soir les ai lues à mon Bosseigne. Qui a ri. Un peu gêné.

Ainsi, toi aussi, a-t-il dit.
Moi aussi?
Tu t'es mise à écrire des histoires de roses?
C'est à cause de ce printemps gris et rose.
Les fleurs et les arbres aiment la pluie.
Cette année, les roses sont si nombreuses au jardin.
No jardim. Tu vois, je retiens la langue.
Et moi, les histoires. Elles sont vraies.
Presque banales, a ajouté mon parent.
Ennuyeuses?
Non, mais prévisibles, sauf...
La dernière?
rosier Tequila

C'est vrai que cette femme de Tarascon m'avait tellement surprise que je n'avais pas résisté à noter sur un carnet notre échange. Carnet retrouvé ontem, et du coup cette Rosa a ressurgi, intacte. J'ignore ce qu'elle est devenue et si elle arpente toujours les rues de Tarascon la nuit. Notre rencontre avait été rapide et intense, dans une librairie où je venais d'acheter un roman de Lidia Jorge, peut-être la Couverture du soldat, je ne sais plus. Elle m'avait abordée la première, me demandant si je connaissais le Portugal. Et tout naturellement, nous avions conversé librement et tout à coup, au moment où j'allais prendre congé, après avoir évoqué la région du Douro, l'Alentejo et Lisbonne, elle s'est mise à me raconter ce qu'était sa vie nocturne. C'était tout d'un coup un tel dévoilement que je ne savais comment réagir à part l'écouter attentivement, peut-être pour lui montrer combien ce qu'elle racontait m'intéressait. Me troublait même. Cette idée que le monde dans lequel nous vivons ne fréquente jamais l'autre monde, infiniment dangereux et cruel, je la retrouvais dans ses paroles. Celui, diurne et familier où je vivais ne croisait presque jamais cet autre dont me parlait Rosa la tarasconnaise d'origine lisboète. Il y avait dans ses phrases une véhémence avec laquelle son apparence élégante et discrète contrastait. Ce qu'elle accomplissait en cherchant à sauver les victimes de la nuit, c'était une mission, me confia-t-elle. Le mal est partout, et surtout dans les endroits qui ont pour but de prendre soin des enfants. Il s'y passe des horreurs. Un moment, j'avais regardé Rosa avec un peu de suspicion. Cette bourgeoise exaltée, devais-je vraiment croire ce qu'elle racontait? N'était-elle pas elle-même une victime? Nous nous sommes quittées, j'avais hâte de retrouver la rue, le soleil, les gens qui arpentaient tranquillement la rue des arcades. Et là, elle et ses compagnes avaient ressurgi. A cause des roses. Et du printemps pluvieux qui reverdit les jardins.

Est-ce que tu crois que cette femme était folle?
Je ne sais pas. Peut-être. Mais d'autres personnes m'ont raconté de drôles de choses sur une maison d'accueil pour adolescents. 
Heureusement les roses!
A verdade é muito difficil..
A connaître? Eh oui...On pourrait revenir au fauteuil.
Oh, mon Bosseigne, cette histoire-là aura-t-elle un dénouement?
Comme toutes, je le crains.
Par la mort du fauteuil?
Plutôt celle des protagonistes dont la coupable!
Si c'était si simple. Un jour ce fauteuil reviendra...
Tout seul? 
Qui sait? Devant notre porte, il sera là, en parfait état.
Nous voilà loin du Douro.
Mais tout près des roses. 
As rosas?
Exactement.
Encore une fois, no jardim.

Mon Bosseigne retrouvera-t-il son fauteuil?
Esperar. Nao esquecer.
Et continuer à apprendre.
Espérer sans oublier le fauteuil.




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