On a tous un
sac.
Certains le
portent sur leurs épaules, d’autres le tirent derrière eux, d’autres encore le
poussent devant. Tous en ont un. Parfois lourd à pleurer, parfois tel l’oiseau,
au-dessus de la tête, presque envolé. Parfois tordant l’épaule et brisant les
muscles du cou.
Pourquoi un
sac ? Pourquoi tous différents ?
Chaque sac est
rempli de mots en nombre fini.
Chacun est unique.
Mon fils par
exemple a un sac nommé oiseau. Ainsi se déplace-t-il avec légèreté. Tout le
monde n’a pas cette chance. Chaque sac est invisible, me direz-vous et n’est
pas réel. Réel ou pas, son poids se fait sentir. Le poids du réel absolu.
Si j’écris
camion-poubelle ou crocus, qui reconnaîtra ces mots provenant d’un texte
d’Antoine Emaz ?
Ont-ils été
retirés par le poète de son sac de mots parce qu’il devait en faire usage avant
sa disparition ?