En plein air écrire un carré de plein vent face au vert à
la colline aux cyprès pointés droit prêles dans l’eau assise sur cul comme
toujours à écouter la montée du vent dans les branches du peuplier solitaire
seul rescapé des tempêtes à guetter les iris frémissants de v. g. aujourd’hui
est un jour plein première phrase après la lecture de l.n. et l’appel de d. h.
me confirmant que mes rêves au nombre de 50 vont être publiés dans une revue
américaine je lui parle des poèmes de l’oregon du vent aussi et de la géologie
une odeur de fumée traîne par ici nous avons ramené 3 superbes géraniums de f.
un rouge un rose un blanc drapeau bizarre que ne déparent pas les fleurs de l’arbre
de judée le vent s’insinue sous mes aisselles et les rafraîchit un
printemps-été cette année redoutant que tout change comme souvent je ne me suis
pas réfugiée dans la carabanne pour laquelle je cherche des rideaux je n’écris
pas non plus au plein soleil qui tape sur le pré malgré l’envie de rejoindre l’abri
sous le tulipier et le mûrier où nous aimons nous reposer au plus fort de l’été
je suis assise au bord du banc de bois en équilibre une lessive tourne je reste
immobile seules mes mains sur le clavier bougent à peine pour tracer les limites
du poème je ne veux pas polémiquer sur ce qui fait poésie ou pas je ne suis pas
en mesure de traquer des indices comme un limier sur la piste les mots morts ne
m’intéressent plus sitôt sortis du sac certains meurent très vite et d’autres
résistent le plus souvent enfermés dans des livres au format carré
(19 avril)