mardi 30 avril 2019

Lignes de baleine, de loup, de corneille, de la main et des labours, de fond et de hanches

Lignes.
De toute nature.
D'écriture.
De flottaison, d'horizon, de traîne.
Lignes de lavande qui se croisent et s'éloignent vers la ligne oblique du fond.



L'écrivain comme le pêcheur prépare ses lignes.
Ligne de baleine, disait Deleuze.

Le sexe a-t-il besoin d'une ligne?
J'ignore tout de ce croisement, entre les bêtes et les humains. 
Liliane Giraudon s'étonnait que dans une exposition, Soulèvements, aucune place n'ait été faite à la sexualité. Dans le court film de présentation, Didi-Huberman ne cesse de lier le désir à la vie, dans son travail et la mise en scène de l'exposition.
Le sexe, le corps, la peau.
C'est pourtant de l'ordre du mouvement.
Se soulever pour aimer.

Chez Hardellet, une phrase lue ce matin, les bourgeoises baisent comme les ouvrières.
Je ne sais pas vraiment comment baisent les autres. Hommes, femmes, animaux.
Pour ces derniers, rarement en se regardant.

J'ai marché jusqu'au grand chêne, me suis souvenue qu'on l'appelait chêne des pendus.
La semence autour de l'arbre, qu'a-t-elle produit?

Je ne sais pas si mon grand-père paternel s'est pendu.
Si c'est vrai, cette mort. Il n'y a eu que ma mère pour m'en parler.
À quoi s'est-il pendu? Dans l'appartement marseillais du cours Julien ?
Plus tard une tante de mon père s'est pendue.
Et l'an dernier, un homme que nous aimions.

Je ne sais pas ce que signifie de telles morts.
L'arbre est beau, immense, trois personnes pour en faire le tour avec leurs bras.
Difficile d'imaginer des corps pendus à ses branches. 
La corde est aussi une ligne.

Quand j'étais assise dans l'herbe à lire John Berger, mon téléphone a sonné.
Un ami poète me téléphonait. Allions-nous faire cette lecture croisée?
Autour de la disparition.

Nous y sommes, ai-je pensé.
Revenue plus tard vers la pièce où je tente de rassembler ce qui est épars, je retrouve cette phrase de Van Gogh griffonnée en urgence avant de sortir:
..."les obstacles ont autant d'intérêt que la certitude d'avoir réussi un tableau..."
Ici nul n'échappe aux lignes. 
Horizontales, verticales.
Lecture et écriture en font grand commerce.
Nous sommes le 1° mai. 
Que va-t-il arriver aujourd'hui?

Je n'ai pour l'instant aucune certitude.
Même quant aux pivoines dont je guette les métamorphoses.
Punto a capo.

1° mai 








 

Soir et matin en lisière de forêt



L'idée que celui qui écrit doit (se doit?)
d'être pauvre, dépouillé,
sans,
me paraît ce matin à la fois juste et partisane.
Marseille revient en force.
Un petit bout de poème d'Antonin Artaud remâché, "si peu de choses/le petit roulement de la vie".
Et les pages lues de Jacques Réda sur l'empêchement de partir et de rester.
Et puis la maladresse.
Mal à sa place.
Je l'expérimente au quotidien, tachant, brûlant, renversant.
Là où les autres ont à mes yeux le geste exact, les miens sont emportés, brouillons, en un mot maladroits.
Même chose avec l'écriture?
Pauvre et maladroit font un être humain.
En mesure de combattre ce qu'il est avec ce qu'il a?
Sillons sans terre.

Juste un peu de langue.
 

jeudi 25 avril 2019

"le merle de dessous le plancher, dans le noir"/notule du 25 avril


Paul de Roux, rouvert ce matin et sur la table depuis hier soir. Entrevoir.
Une manière de dialoguer avec Julien Bosc. De retour avec le vent-cisailleur de ces jours.
Deux phrases courtes de Paul de Roux éclairent la page ouverte : « Le poète n’existe pas. Car il n’a aucun pouvoir sur la poésie. »
Tout d’un coup, mon goût médiocre de certaines choses, ma vie banale ont repris un peu de sens et moi, un peu d’espoir. Reste à poursuivre une inexistence pas toujours facile à accepter de conduire à sa fin.
Le vert a tout envahi, un peu de gris avec lui. Te quiero, verde.
Corbeau, et merle dont l’amie s’accompagne et que le poète croise.
« La nuit n’est pas finie que le merle parle un peu
comme dans un ravin, dans l’ombre, très bas :
petits crissements de noix dans le poing… »
25 avril

vendredi 19 avril 2019

Have I the moon in my pocket?

Bonne question, dit le loup.
Pour une fois, la renarde avait frappé au bon endroit.
Les autres se taisaient, épuisés sans doute par la course qu'ils venaient de faire à travers la forêt.
Les hommes, reprit la petite bête rusée, vont à l'usine. Toute une vie.
Nous, nous tenons la lune par les dents et parfois la gardons pour nous seuls.
C'est ainsi que nous sommes.

Il y a d'autres questions, bougonna le loup.

Mais nous sommes si fatigués, nous ne sommes pas obligés de répondre aux questions tout de suite.
Allons au bord de l'eau, l'interrompit le chevreuil. Regardons-là bruire doucement. Suffisant, non?

Nous ne possédons rien, reprit le chevreuil, ni de la réconciliation, ni de la petite usine.
C'est ainsi que nous vivons, dans l'ignorance.
Et puis, nous vivons ici sans livre d'aucune sorte, à part les tronc des arbres, les sillons boueux des chemins, les eaux.
Il nous suffit de regarder les nettes rousses chercher à s'accoupler. Histoires recommencées.

photo F.R.

Je me souviens, reprit la corneille, d'un livre.
Je le lisais passionnément, redoutant le moment où il serait fini. Jusqu'au moment où je suis tombée sur un passage qui évoquait la vie d'une femme pour qui à soixante ans tout était réglé. Elle ne serait jamais la grande artiste reconnue dont elle avait cru que ce serait son avenir. Ne lui restait que la mort, ou la folie, mais la mort certainement. C'est à ce moment que le livre s'est arrêté pour moi, comme pour elle.

Lune dans la poche, mais aussi oiseau lune, sussura la Petite.
Poule-lune, pensée détachée, ces expressions, je les ai trouvées dans un livre.

Désormais nous vivons sans. C'est notre punition.
Dans la tête, la mémoire a ses munitions, il faut nous en servir, dit la renarde.
Dans toutes langues que nous connaissons et même celles que nous ignorons.

Peu de livres sont imprimés en rouge, c'est bien dommage, soupira le loup.
Cette nuit, j'ai rêvé que j'avais écrit un conte et je suppliais un éditeur de le publier, imprimé à l'encre rouge. Évidemment il refusait, alors je me suis énervé et je l'ai mordu. Du sang, le sien, a coulé.
Voyez, lui ai-je dit, comme cette couleur est celle de la littérature.
Eh bien, il en a convenu.
Nous en sommes restés là et je me suis réveillé avec vous, dans la peau du loup.

Et la lune in the pocket?

 

carnet de peu/puces de plainpalais/Christine Lavant

Il y a la mémoire d'une très petite main de bois.
Main tombée d'une statue.
Plus petite que la mienne, y tenant toute.
Sous de grands arbres et au lieu de l'acheter, j'avais dit que je repasserais.
Sottise.
Quand je suis revenue, elle n'y était plus.
Alors, bien des années plus tard, j'y suis retournée.
Arbres coupés de Plainpalais.
Où chercher la petite main invisible?

À sa place j'ai trouvé des cahiers et un petit carnet bleu.
Bloc-notes navico n° 422/17.
Dans un cercle, j'ai tracé mes initiales.
Et l'ai appelé carnet de peu.
Je l'ai commencé à Versoix le 13 avril.


Deux extraits, car peu à peu, le carnet se remplit d'une écriture dite de Suisse:

le carnet est taché
en haut
en bas
la même forme arrondie
qui diminue
au fil des pages
tournées

il viendra un temps
où il n'y aura plus rien
ni taches
ni lignes
seulement les pages`bien vides
bien propres

J'y ai aussi rangé pour ne pas le perdre un joli papier d'emballage de marzipan.
À nouveau assise devant la fenêtre d'écriture, une bague nouvelle au doigt que m'a offerte le Petit.
Encore un court passage:

le jardin au dehors
est immobile
en attente de bleu
comme le reste
au loin Jean travaille
à écrire 10 000 signes.

Plus loin dans le carnet, pour ne pas l'oublier, j'ai recopié un poème de Christine Lavant. J'avais aimé la poule-lune dont elle parle dans un poème, songeant aux miennes.

"As-tu étouffé ma mère?
As-tu étranglé mon père?
Je les ai plus dans mes songes,
Et ils tombent tous deux de ma mémoire.
As-tu chassé ma faim?
As-tu comblé ma soif
et planté une branche de gui au travers de mon coeur
pour la laisser se dessécher?
Je n'ai sûrement jamais été  une créature de Dieu..."

donc carnet sans raison
poète sans maison
vont bien ensemble

Le repos du Cavalier trouvé aussi à Pleinpalais me donne une clé pour refrmer la page:
 "Il neige de l'autre côté du monde", écrit Gustave Roud dans Étoile, un des textes qu'il a réunis dans l'ouvrage publié par la Bibliothèque des arts et accompagné de lithographies de Palézieux. Le vendeur s'est réjoui de vendre un livre de Gustave Roud.
Nous étions donc heureux l'un et l'autre.
Il faudra ouvrir délicatement les pages au coupe-papier.
Trésors sans prix.
Trésors tenus dans la main, comme deux petits appeaux.
Et d'autres, invisibles.
Je peux ajouter 76 petits galets de quartz blanc pour ne pas oublier de revenir à Lausanne chercher la tombe 89. En compagnie d'amis. Revenir.

 19 avril


jeudi 18 avril 2019

Une cabane à oiseaux au bord du lac,


Tout le long du voyage, invisibles chanteurs,
debout sur leurs nids (cigognes) en haut des arbres et des cheminées,
au sol cherchant de la nourriture,
sur l’eau en saison amoureuse, nettes rousses et canards,
au pays des Trois-Lacs,
au ciel, une seule hirondelle en vue,
cabanes et oiseaux de Portalban,
tels les livres qui s’entassent et se découvrent,
sur des étals,
dans des encoignures,
Gustave Roud, Viod Martin réunis,
Alexandre Caldera et d’autres,
posés au sol, et ramenés vers la maison, écoutant la langue de Suisse qui dit parquer son auto comme je la gare en France,
ou qui utilise le mot monstre tel un adjectif,
dépaysant un peu la bouche et les oreilles,
revenant sur France où les amis font leurs courses,
et ici, le mot cabane écrit par le Petit collé sur sa maison de bois flotté,
le mot rejoignant la chose,
une sorte d’imagier en volume,
une lettre après l’autre,
l’enfant découvre que parler s’écrit.
18 avril





mercredi 10 avril 2019

À présent j'ai 7 poules et un coq. La mort existe encore.


Hier j’ai appris la mort d’un ami.
Il était déjà mort depuis plus d’une semaine. Je venais de lui envoyer un message pour évoquer un voyage à Turin où il habitait.
Je ne sais pas exactement ce que signifie cette mort, si ce n’est l’impossibilité de revoir Pierre. Sauf en photo, ou dans la mémoire.
C’est lui qui m’a appris l’expression : fare la spesa.
C’est lui qui m’a fait sourire souvent.
Et continuer l’ascension, dans les hauts de Saorge.
Et je n’arrive pas à comprendre sa mort.
Ni aucune mort.
En regardant le ciel hier soir, je me suis demandé où étaient passés tous les morts de ces derniers temps, morts aimés, connus, ou inconnus.
La question mille fois posée par le Petit, où est mamie Josette, son arrière grand-mère. On n’a aucune bonne réponse.
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Du moins le jour écrit sur mes papiers d’identité. En fait je ne suis pas née ce jour-là, mais deux jours avant.
Peut-être est-ce pour cette raison que pendant trois jours, je me sens renaître ?
Le ciel m’a apporté ce matin une jolie courbe neigeuse.
Et le vent est venu ensuite.
A présent, j’ai sept poules et un coq.
4 rousses, une blanche, une noire, une grise.
Et un coq dont une plume pend lamentablement de son derrière.
Une des rousses a dû le rosser.
Pour qui se prend-il celui-là ?
Trois œufs ramassés ce matin.
La vie se poursuit.



En fait, je continue à ne pas croire à la mort.
Et puis il y a cette difficulté à résoudre : Pierre était écrivain, pourquoi si peu d’échos à cette mort ?
A nouveau sans voix.
Sans issue.

lundi 8 avril 2019

Et aujourd'hui, qu'est-ce qui reste dans le sac de mots?


Un mot, camion-poubelle.
Avec un autre, pivoine.
Ils peuvent aller ensemble.
Si on ajoute une couleur.

Les mots, c'est comme ça.
Chaque matin, devant la même fenêtre.
D'un regard puis l'autre.
Combien de mots encore?

La main cherche dans le sac.
Au loto on fait pareil.
À chercher le bon numéro.
Il n'y a pas de zéro.

dimanche 7 avril 2019

Aller de prêle à fougère, en suivant Denise Le Dantec

L'invention d'un nouveau travail, aller à prêle et à fougère, ouvre une perspective dans la haie printanière.
S'agit-il d'un rythme neuf à trouver?
D'une manière d'écrire en jardinant?
Ou de jardiner plus lentement, errant d'un bouquet de prêle à la vieille fougère qui pousse au bas du mur nord, dans une vieille souche ramenée de dieu sait où?

Je me demande comment Denise connaît l'existence des prêles et de la fougère qui vivent ici, dans ce jardin. Je ne crois pas les avoir évoquées devant elle.
Bien sûr, il y a aussi pommiers et abricotiers, fraises et haricots et que sais-je encore.
Les oliviers, le ciste. La bourrache.
Nous en avons parlé souvent mais là, arrêt sur place.
C'est le mouvement annoncé par le poème et l'expression qui ont raison de moi.
Je me rends.


Je vais tenter le voyage, aller de prêle à fougère, du petit jardin clos au poulailler, puis au mur nord, là où on étend les draps.


L'orage est annoncé pour bientôt.
On a prolongé la calade autour du bassin des poissons rouges.
Petits travaux de peu qui réjouissent beaucoup.
Il y a des réparations à faire.
Que je ne sais pas faire, seulement y aider en les regardant se faire.




Hier j'ai écouté un poète, écouté de la musique (Satie, Debussy, Berio), rêvé d'acheter une gravure.
Hier.

Aujourd'hui je me suis baladée avec un livre et des poissons.
Je n'ai pas oublié de nourrir les poules avec pain et orge.

Nous allons manger dedans, la pluie menace.
Mais avant, il me faut aller de prêle à fougère.




samedi 6 avril 2019

Variolite, pierre à venin/Notule d'avril

Hier on m'a donné une pierre verte.
Sur la table déjà, beaucoup de pierres ramassées.
Galets du poème.
Dans une assiette, tessons de toutes origines.
Et un donné par l'ami J.P.
Portugais, celui-là, tesson azulejo trouvé au bord du Tage.
Ils voisinent ensemble, tels des amis.
Et la variolite a rejoint sur la table ses frères, les galets de la Durance.


Hier j'ai vu deux hirondelles près du Rhône. Les premières.
Et la pluie ce matin m'annonce le renouveau du jardin.
Que saluent deux mésanges sur l'althéa.

Hier nous sommes allés ramassés des galets au bord du fleuve. Certains si beaux, granit gris et rose, blanc piqueté, presque bleu ou rouge, toute une collection pour la nouvelle calade.

Hier une amie m'a raconté que sa soeur déprimait plus que jamais à cause du printemps. On m'avait dit la même chose en Finlande. Pas pire saison que le printemps pour les malheureux.

Aujourd'hui je possède une pierre à venin, dite aussi pierre à picote ou encore pierre de berger. Nous n'avons plus de moutons au pré, seulement six poules dont Cocolune et Cocolautre.  Mais le pouvoir de la pierre est intact. Posée près de moi, sur le carnet aux deux broderies crochetées envoyées par l'amie Leyla, elle évoque une grenouille tavelée, ramassée sur elle-même. Basalte. Pierre vieille comme le monde et venue du Queyras. Je vois d'ici les jeunes migrants s'apprêter à gravir la montagne en serrant dans leurs mains glacées un peu de sable. Leur jeunesse n'éloigne pas la mort glacée. La mer entre avec eux dans la maison où notre fils a prévu son arrivée et la submersion du jardin d'ici quelques années.
Pierre foudre porte-bonheur?
Certaines ont été fichées dans les murs des maisons pour chasser le mauvais-oeil.
Fos, Saint-Mitre et Maguelonne.

Je possède aussi de nombreux livres dont je me demande ce qu'en feront nos fils.
Et celui-là, que je possède depuis seulement deux jours, La seconde augmentée, dont je lis des passages à qui veut bien les entendre. Il va falloir que j'essaie avec Nuage Futbol.

Livres, pierres, oiseaux.
Nous ne possédons que leur passage.
Dans la poche du Petit Poucet, cailloux.
Lui aussi passe et s'éloigne.






mardi 2 avril 2019

Soutine bleu


Soutine, enfants sur la route
...
Ils avancent dans un paysage coupé en deux dont ils ignorent la langue.
Car, reprend le garçon, un pays c’est une langue.
Pas vrai, dit la petite, ici et là, c’est la même. Presque.
Et puis des fois, plusieurs langues sont parlées dans un même pays, ça, je le sais.

(Pour l’instant, moi qui les suis, je ne sais rien du tout, à part continuer à marcher derrière eux, en tentant d’entendre ce qu’ils disent).

La peau, tu la vois, tu la sens, tu la touches, reprend le garçon, la frontière, non.
Il n’est pas utile de savoir où elle commence, ni où elle finit.
Traverser suffit.
Et si nous mettons nos pieds dessus,
nous la traverserons sans le savoir ?

Quand on quitte sa maison, c’est pour toujours.
Ils portent chacun un peu de la vie d’avant, emballé dans un petit sac à dos.
Comme ça, tu ne vois pas ce qu’il y a derrière toi.


Des questions, ça ne manque pas quand tu avances dans un paysage.
Ça tourne en tous sens, à se demander quoi sera au bout de la route.
On n’en sait rien du tout.
Dans quelle maison entrer ?
Il n’y a personne pour leur répondre. Et puis parler fatigue.
Peut-être, sans le faire exprès, mettront-ils le pied sur la ligne ?
Et le tour sera joué.

La rumeur des routes s’estompe peu à peu.
...

Démentir/déparler





Mon histoire, comment la raconter pour qu’elle soit exacte ?
Il y a un poète ami, des gens, et moi. Des animaux nous entourent dans ce lieu urbain et animé. Une grande maison allemande en plein cœur de Montpellier.
Animaux des mots. Huppe d’abord, puis renard, puis fauve dans l’herbe bleue.
Tu avais un renard, tu l’as toujours ?
Je n’ai jamais eu que le mot. Et le poète le sait qui a écrit sur le mot et sa ruse.
Jamais eu de renard roux pour tourner autour de moi. Seulement occupé à dévorer mes poules, le goupil.
Comment répondre sans mentir ? Démentir, donc.
La langue a prévu le verbe.
Il faut l’utiliser avec sa part de déception.
Une semaine au moins pour écrire quelques lignes. Sans importance autre qu’arriver à ce verbe, démentir qui m’en rappelle un autre : déparler, que ma mère utilisait lorsque je la mettais en fureur avec mon entêtement.
Nous attendons la pluie. Et mon histoire a trouvé son verbe : démentir.