Sanglier, mot du jour.
Avec lui, tout s’interrompt.
Le réel absolu s’écarte. Toi, non, panier à la
main, tu écoutes.
Ton entrée dans le monde se fait à l’aide d’un
panier.
Déjà tu avais découvert l’importance de cet objet
chez un poète aimé.
Le poème comme panier. Dans lequel tout se
transporte, les nourritures et les mots
Paniers d’Amérique et d’ailleurs. Filet à
provisions.
Tu es entrée dans le magasin rouge.
Tu as hésité en regardant la viande.
Le rouge pourtant t’es-tu souvenu.
Mais la faiblesse du matin a rendu ton choix
difficile.
Tes jambes flageolent un peu, ta vue est
brouillée.
Tu as préféré les boudins blancs aux escalopes et
autres biftèques.
Concession aux modes du temps, à la pluie, à la
neige ?
Le monde est une boucherie et la bouchère est
jeune et jolie.
Joues lisses et les yeux bordés de noir.
Jambon blanc, dis-tu, quatre tranches fines.
C’est là qu’entre en scène le sanglier invisible
des chasseurs.
L’homme qui en parle est grand et beau. Il l’a
vu, lui, le sanglier.
Plus d’un mètre, dit-il, on y va cette
après-midi.
Il propose à demi-mots, la bête au boucher.
La bouchère se tait. Moi aussi.
Le chasseur répète plus fort sa phrase :
l’animal est géant.
Le boucher semble ne pas vouloir de la bête.
Pour lui comme pour nous, le sanglier reste
invisible.
On y va cette après-midi, tu n’auras qu’à m’appeler,
Si ça t’intéresse, reprend le chasseur qui sort,
muni d’un grand récipient blanc, en plastique.
Rien à voir avec un panier.
Deux cuissots y tiendront à l’aise, et Noël
approche.
Tes yeux te gênent, à trop voir ce qui existe là.
Alors tu les fermes, hop.
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