mardi 5 novembre 2019

Journal de Corse, 5, pluie



5, Pluie

Et la grue s’est remise au travail.
La lumière diffuse du matin s’est peu à peu affirmée.
En face on travaille; de part et d’autre du paysage, tout le monde se remet à l’ouvrage.
Les mûriers devant la maison commencent à avoir un feuillage jaunissant. Quelques feuilles tombent. Travail du temps.
Sagement j’attends de mes nouvelles.
Me souviens que Peter Handke a eu le Nobel.
Et une femme écrivain aussi que je vais découvrir. Deux raisons de sourire.
On aimerait être simplement joyeux.
Le plus aisément du monde.
Se réveiller tranquillement et s’endormir de même façon.
Mais la secrète inquiétude reste vivace sous les doigts. Tandis que je parcours le chantier, le vrai et le mien, je lance des lignes vers le futur, moi qui devrais savoir que j’en suis à la fin. Le manuscrit travaille. Je ne sais pas si je l’enverrai à mon retour.
Hier nous avons vu beaucoup de granits aux formes extraordinaires. Mais ce qui me reste présent, c’est la désolation du barrage de l’Ospedale.
Je ne sais pas pourquoi ces troncs décapités dans cette terre grise m’ont découragée.
Comme si le travail des hommes ajoutait à la destruction, toujours. Et que le découragement m’attendait au détour du texte.
Il y a eu aussi les bains sulfureux me ramenant au soufre de l’enfance à Marseille.
À la souffrance ?



Il faudrait ce soir que j’extraie du sac un mot joyeux.
Peut-être vais-je y parvenir aujourd’hui.

Pluie ? On dit qu’elle viendra demain.

14 octobre

1 commentaire:

  1. Vos textes à lire par le travers et l'intermittence, comme la pluie...

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