11, Lisière
Et
aujourd’hui ?
Chaque jour écrit
devient un jour passé à l’écrire.
Le présent reste.
On attend à
nouveau la pluie qui ne vient pas. Ce matin la chaleur m’a sauté au visage,
dehors.
Nous avons dormi
la fenêtre ouverte pour échapper à la maison et à ses murs, passer au travers
des nuits par la fenêtre reste une nécessité.
Le temps fait
semblant d’être immobile.
Le manuscrit de
Animal(s), je l’enverrai dès mon retour à Fabienne Raphoz.
Mais est-il
fini ?
Léger balancement
des feuilles du chêne-liège.
Annonciateur de pluie ? Ou plutôt
transcription de mon incertitude devant ce que j’écris ?
Incertitude, inquiétude.
Sebald nous a
accompagnés hier dans la forêt de Bavella.
Comment avancer dans un paysage sans
lisière ? Le ciel et la mer mêlés.
Entre les arbres,
les chiens courent et hurlent. Battue au sanglier. Au bord de la route, un
homme armé d’un fusil. Ce serait une guerre sans ennemis ? Dans ce pays de
rocs et de chênes, où peuvent-ils se terrer ?
(Au retour
racontant au Petit cet épisode, il m’a demandé ce que c’était, les ennemis.
Difficile à expliquer.)
La géologie
interroge celui qui parcourt l’île. Le sud extrême est calcaire, falaises de
craie.
Le reste est
granitique ou schisteux.
Il va me falloir
décider si j’écris granit ou granite.
Et marcher en
lisière, encore.
Plage ou forêt,
il y a un seuil pour passer de l’une à l’autre.
Du sable à la
mer, de la clairière aux arbres.
Lisière, donc,
terme de couturière.
20 octobre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire