mardi 12 novembre 2019

Journal de Corse, 11, Lisière


11, Lisière



Et aujourd’hui ?
Chaque jour écrit devient un jour passé à l’écrire.
Le présent reste.
On attend à nouveau la pluie qui ne vient pas. Ce matin la chaleur m’a sauté au visage, dehors.
Nous avons dormi la fenêtre ouverte pour échapper à la maison et à ses murs, passer au travers des nuits par la fenêtre reste une nécessité.
Le temps fait semblant d’être immobile.
Le manuscrit de Animal(s), je l’enverrai dès mon retour à Fabienne Raphoz. 
Mais est-il fini ?
Léger balancement des feuilles du chêne-liège. 
Annonciateur de pluie ? Ou plutôt transcription de mon incertitude devant ce que j’écris ?
Incertitude, inquiétude.
Sebald nous a accompagnés hier dans la forêt de Bavella. 
Comment avancer dans un paysage sans lisière ? Le ciel et la mer mêlés.
Entre les arbres, les chiens courent et hurlent. Battue au sanglier. Au bord de la route, un homme armé d’un fusil. Ce serait une guerre sans ennemis ? Dans ce pays de rocs et de chênes, où peuvent-ils se terrer ?
(Au retour racontant au Petit cet épisode, il m’a demandé ce que c’était, les ennemis. 
Difficile à expliquer.)
La géologie interroge celui qui parcourt l’île. Le sud extrême est calcaire, falaises de craie.
Le reste est granitique ou schisteux.
Il va me falloir décider si j’écris granit ou granite.
Et marcher en lisière, encore.
Plage ou forêt, il y a un seuil pour passer de l’une à l’autre.
Du sable à la mer, de la clairière aux arbres.
Lisière, donc, terme de couturière.

20 octobre




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