vendredi 8 novembre 2019

Journal de Corse, 8, oeil de Lucie



8, œil de Lucie




Fumée noire ce matin en dessous du chantier. Nouvel engin bleu qui rivalise avec la grue. Ici on a besoin de beaucoup de machines pour faire sortir de terre des maisons qui ne seront habitées que quelques mois dans l’année. Plus personne ne se sert des granits si ce n’est pour les éliminer, les disposer là où ils ne gêneront pas. Leur rôle est au mieux décoratif, au pire ils deviendront du sable et des gravats.
Coup de téléphone de D. Le D. 
Appels ou coups, la langue ne démêle rien d’autre que son désordre.
Me fait compliment. Me touche là où la petite Virginia fait sa blessure. Je lui ai promis de lui envoyer le livre dont sont extraits les poèmes qu’elle a aimés. Me répète encore quelle poète je suis, enfin presque si…Il me semble entendre ce que sa voix amicale me dit.
Me suis demandée hier soir en lisant Russell Banks à quoi servait de traduire ce livre qui ne peut guère intéresser que des américains. Ou des amateurs de ses livres. Le titre Voyages est trompeur et l’ensemble a peu d’intérêt. 
Heureusement Lidia Jorge et son Estuaire m’ont donné à penser et à lire.

Journée de plages, l’une puis l’autre. Belles et intactes. Trois cadeaux donnés par l’ami J.F.A. : Œil de Lucie.
Escargot qui me fait penser aussi à l'amie Anne Calas Et à l'escalier de mon grand-père à Marseille.
La beauté intacte de l’eau, du sable, comme si nous étions les premiers ce matin à la découvrir.
Le soleil commence à descendre, j’écris face à lui. Immobilité douce du couchant, angoisses presque réduites à rien.
J’ai pour l’instant une liste de 7 mots pour 7 jours.
Est-ce que ça fera un poème corse ?
Dans une semaine nous serons à Lucca en Italie. Qu’est-ce qui aura changé ici et là-bas, que nous sera-t-il arrivé, je n’en sais encore rien.
Mais j’éprouve l’envie d’écrire et de dire combien le prix Nobel attribué à Peter Handke me fait du bien. Je l’ai répété à mon amie D. Le D.
J’ignore pourquoi je tiens ce carnet, et pour qui. Il sert à marquer le temps avec un mot pour chaque jour. Et le soleil prêt à disparaître m’accorde celui d’aujourd’hui !

17 octobre



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