samedi 1 septembre 2018

Une cabane de papier, la cabane de Thoreau?



Une cabane de papier, la cabane de Thoreau ?
Entre deux passantes.
Que nous sommes toutes.
Et tous. Entre nous, ce qui passe rejoint ce qui aura passé plus vite encore que le présent.
Le titre reste sur la table, avec la piastre et l’enveloppe pour conserver un peu de ce qu’est un présent.
Etonnement devant la langue qui dit cadeau, qui dit nunc, qui dit le temps du verbe et ce maintenant entre nous qui nous maintient en amitié.
Tous les matins se ressemblent jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul à espérer. Devant la fenêtre, sur la table indienne, un écrivain lisboète, une suisse, une édith, un gracq. L’oiseau de bois regarde au dehors et la question des forêts reste posée pour lui comme pour moi. Des cendres à disperser aussi. Ce sera la même réponse. Le soleil commence à éclairer les feuilles du grand magnolia que j’ai planté il y a plus de vingt ans et que je me sens prête à quitter. Pour quel autre arbre, je n’en sais rien.
Certains soirs, avec le Petit, nous lisons Bonsoir lune et là, sur la couverture du livre traduit du portugais, on a écrit en rouge le titre : Bonsoir les choses d’ici-bas. Et aujourd’hui, sans forfanterie aucune, j’écris bonjour, les choses, les amies, ceux qui passent, et ce qui passe devant la fenêtre.
Des pages lues au réveil, me reste un oignon.
De la cuisine des mots, j’ai désir de cet oignon, boule de larmes, qui dit mieux que longues phrases la douleur. Je ne serai jamais une grande prosatrice, petite seulement, à cause sans doute de la taille de mes mots. Quelqu’un surveille la progression du lierre sur la façade de l’ntrepôt de l’autre côté de la rue. En ce moment, il dessine une main large et puissante qui saisit le mur et l’empêche de s’écrouler. Et là est tout le travail matinal, empêcher que s’écroule une maison, faire en sorte que tienne debout une famille entre ses murs. Travail d’aigle blanche dont les bras retiennent ce qui menace de sombrer à chaque instant.
Non seulement écrire ce qui n’aura pas lieu, mais aussi ce que nous tentons de maintenir debout, matin après matin, dans cette maison ou dans une autre.
Hier soir j’ai disposé les cercles de coton crocheté sur les cahiers d’écriture à la couverture marron et ai jugé que c’était du plus bel effet pour écrire à M. le livre de plein air dont le titre sera la cabane de Thoreau.
Il me revient de les coller ou de les réunir pour qu’ils (les cercles de coton) protègent le désir que j’ai d’écrire ce livre dont je possède le titre et quelques personnages dont un loup neurasthénique et un chevreuil nonchalant.
Voilà que la porte du jardin, sous la poussée du vent matinal, s’est entrouverte, me rappelant à mes obligations, libérer le chien et les poules, la noire et la blanche. Le Petit a demandé : laquelle est Cocol’une et laquelle est Cocol’autre ?
Tout un travail, lui ai-je répondu, sera de le savoir.
Mais nous avons le temps, ai-je ajouté devant son air inquiet.
Beaucoup de temps.





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