Une cabane de papier, la cabane de Thoreau ?
Entre deux passantes.
Que nous sommes
toutes.
Et tous. Entre
nous, ce qui passe rejoint ce qui aura passé plus vite encore que le présent.
Le titre reste
sur la table, avec la piastre et l’enveloppe pour conserver un peu de ce qu’est
un présent.
Etonnement
devant la langue qui dit cadeau, qui dit nunc,
qui dit le temps du verbe et ce maintenant entre nous qui nous maintient en
amitié.
Tous les matins
se ressemblent jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul à espérer. Devant la
fenêtre, sur la table indienne, un écrivain lisboète, une suisse, une édith, un
gracq. L’oiseau de bois regarde au dehors et la question des forêts reste posée
pour lui comme pour moi. Des cendres à disperser aussi. Ce sera la même
réponse. Le soleil commence à éclairer les feuilles du grand magnolia que j’ai
planté il y a plus de vingt ans et que je me sens prête à quitter. Pour quel
autre arbre, je n’en sais rien.
Certains soirs,
avec le Petit, nous lisons Bonsoir lune et là, sur la couverture du livre traduit
du portugais, on a écrit en rouge le titre : Bonsoir les choses d’ici-bas.
Et aujourd’hui, sans forfanterie aucune, j’écris bonjour, les choses, les
amies, ceux qui passent, et ce qui passe devant la fenêtre.
Des pages
lues au réveil, me reste un oignon.
De la cuisine
des mots, j’ai désir de cet oignon, boule de larmes, qui dit mieux que longues
phrases la douleur. Je ne serai jamais une grande prosatrice, petite seulement,
à cause sans doute de la taille de mes mots. Quelqu’un surveille la progression
du lierre sur la façade de l’ntrepôt de l’autre côté de la rue. En ce moment,
il dessine une main large et puissante qui saisit le mur et l’empêche de s’écrouler.
Et là est tout le travail matinal, empêcher que s’écroule une maison, faire en
sorte que tienne debout une famille entre ses murs. Travail d’aigle blanche
dont les bras retiennent ce qui menace de sombrer à chaque instant.
Non seulement
écrire ce qui n’aura pas lieu, mais aussi ce que nous tentons de maintenir
debout, matin après matin, dans cette maison ou dans une autre.
Hier soir j’ai
disposé les cercles de coton crocheté sur les cahiers d’écriture à la
couverture marron et ai jugé que c’était du plus bel effet pour écrire à M. le
livre de plein air dont le titre sera la cabane de Thoreau.
Il me revient de
les coller ou de les réunir pour qu’ils (les cercles de coton) protègent le
désir que j’ai d’écrire ce livre dont je possède le titre et quelques
personnages dont un loup neurasthénique et un chevreuil nonchalant.
Voilà que la
porte du jardin, sous la poussée du vent matinal, s’est entrouverte, me
rappelant à mes obligations, libérer le chien et les poules, la noire et la
blanche. Le Petit a demandé : laquelle est Cocol’une et laquelle est Cocol’autre ?
Tout un travail,
lui ai-je répondu, sera de le savoir.
Mais nous avons
le temps, ai-je ajouté devant son air inquiet.
Beaucoup de
temps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire