Mon grand chemin
est petit.
Il se faufile
entre les rangées d’arbres fruitiers, presque sans surprise.
Pourtant dans un
champ libéré de plantation et fraîchement labouré, une cage est posée. Tout à
l’heure rejoignant la route, accompagnée du chat, nous avons croisé un cycliste
et son chien assis dans le panier, derrière son maître.
Le chat a tourné
les talons.
A quitté la
route pour rejoindre le couvert. Je ne l’ai pas revu de tout mon chemin
matinal, sachant que je le retrouverai assis sur son derrière, m’attendant
devant la maison, me reprochant muettement de l’avoir abandonné.
Poussée par la curiosité,
je suis allée voir ce qu’il y avait dans la cage.
M’en doutant un
peu. Ce ne pouvait être ni beaux oiseaux, ni poules.
Dans les haies
de cyprès les pies s’agaçaient.
Mes pieds se
tordaient dans les ornières sèches.
Ai-je dit que
mon chemin matinal va tantôt au sud, tantôt au nord ? Ce matin, j’avais
opté pour le sud, redoutant toutefois sa monotonie de vergers sans surprise.
Sans grâce aussi. A l’ombre des grands cyprès, ombre presque noire, j’ai
repensé à notre voyage allemand, l’automne dernier, au brouillard givrant qui
tombait sur la forêt. Du coup, j’ai un peu frissonné en mémoire de ces moments
passés sous les arbres, un peu transie mais joyeuse tout de même.
Dans la cage,
deux pies. Pas bavardes pour un sou, mais sautant en tous sens.
J’ai pensé à
celui qui les avait attrapées ; à son dessein en faisant cela.
À quoi
pensait-il ? Combien de temps vont-elles rester là ?
Et je suis
repartie, vers la maison, le chat.
La main de
lierre sur le mur attend que je lui donne une vraie forme.
Le mur sur
laquelle elle s’agrippe occulte le verger qui se trouve derrière.
Et la cage, un
peu plus loin, bien cachée derrière sa haie.
Assise au
bureau, je me demande combien de pas ont fait mes pieds ce matin. Assez pour ne
plus avoir ces crampes dans les cuisses si douloureuses certains jours ?
La lettre R a
refait son apparition dans la bouche de l’enfant, ou plutôt fait sa première
apparition. Le Petit peut dire maintenant en allant chercher loin en gorge ce
fameux son manquant Regarde et il nous regarde à son tour triomphant. Mardi à l’école,
il pourra donc prononcer ce son qu’il n’arrivait pas jusque là à extraire de sa
gorge.
Mais qui va
libérer les deux pies prisonnières, je n’en sais rien.
Même si, passant
près d’elles, j’en ai eu la tentation.
Au vrai, je n’aime
pas ces oiseaux et le chat non plus, qui s’en méfie.
Le chemin du
matin m’a conduit jusqu’à une cage et à la lettre R.
Rentrer le foin,
le bois, les choses de l’été.
Relire Gracq :
« Un des paysages romanesques qui me restent le plus intensèment présents
à la mémoire est celui d’Ulsgaard, le
domaine danois qu’évoque Rilke dans les Cahiers
de Malte Laurids Brigge… »
Rentrée des
classes.
3 septembre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire