lundi 24 septembre 2018

Stopper la chute de Pontormo?





photo SD


Toujours devant la fenêtre à regarder tomber le ciel.
Lui comme moi. Même attente. Guetter le moment où ça va basculer.
La chute.
Je le soupçonne de plus de vigilance et puis surtout de présence.
Il ne lui arrive rien d’autre, jour et nuit.
Je comprends combien lui et moi nous ressemblons, en attente de peu, au fond.
De son œil droit il me surveille. L’autre, c’est au ciel que va son regard.
On collecte, on met à stériliser des bocaux, on compte combien d’aubergines et de courgettes seront mûres dans la semaine, avant la chute des températures. On s’agite. On taille aussi les arbres, la vigne, les haies.
L’effort que me demande de tailler un crayon, il m’arrive de le trouver trop épuisant.
Lui et moi ne faisons rien, lui davantage bien entendu, planté sur le socle improvisé où je l’ai juché pour qu’il aperçoive un peu de l’extérieur. Je ne sais plus d’où il vient, qui lui a donné ce double regard un peu étonné, son calme, ses ailes symétriques dessinées à l’encre noire.
Je ne sais rien de lui.
Acheté trois sous parce qu’oiseau et que. Sans envol, rêvant à je ne sais quelle île dont il serait venu.
Dehors, un temps désagréable s’installe qui n’augure rien de bon, poussière, froid.
Chute en tourbillon de feuilles de vigne vierge, althéa. Pontormo était un hypocondriaque mélancolique. Il retirait l'échelle qui lui permettait de grimper dans sa chambre atelier pour que personne ne le dérange. Il travaillait en hauteur aussi dans l'église de San Lorenzo et n'est jamais tombé. 
Se tenir loin, se tenir haut.
Le magnolia tient ferme encore.
Ce doit être ça, la mélancolie, retirer l’échelle de sa soupente comme le faisait Pontormo, vivre avec un oiseau de bois, derrière une fenêtre donnant sur un grand ciel vertical et maussade, ne pas tomber. Et puis pour lui clore le bec, le prendre en photo. Fin du jour.
Tombée de la nuit ?
24 septembre

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