Quelqu’un est-il jamais mort à cause
de la langue d’une maladie de l’écriture ?
Franck Venaille
Vaillant, c’est le nom de la péniche qui passe sous le
pont. L’ayant vue, j’ai pensé : se souvenir du nom. Pensé au nom de
Venaille. À un poète aussi qui fait rimer les débuts de vers entre eux. À la grenaille de plomb que le soleil envoie
brûlante et que la vaillante orpailleuse du Rhône va ramasser dans son tablier
en dorne tels rebuts de cailloux bleus et larmes de calcaire à offrir au Petit.
Ce tablier serait-il une sorte de poème ?
Que cacher dans le lin tout froissé à part des mots et
refaire en trois fois rien le sac qui nous manquait ?
Où est passé Venaille maintenant qu’il est mort ?
Comme le Petit, je pose des questions.
Comme lui enfant je parlais trop fort.
Vaillant, c’est bien pour un bateau.
Les autos ne portent jamais de nom, sauf celles de mon
père qui toutes se nommaient Rosalie.
C’est une drôle de chose, l’écriture, ça vous retient de
vivre. En tout cas ça vous tient attaché au sol pendant que les autres vont et
viennent. Bonne excuse pour ne pas les rejoindre, pour s’écarter.
Pas tellement par orgueil ou sentiment de sa singularité,
plutôt pour n’avoir pas à s’expliquer. Sur sa lenteur par exemple, ses dessins
biscornus, ses incapacités.
La lecture aussi permet le retrait.
Et voilà l’herbe qui repousse la mort :
« Un mouvement continu brasse la terre. Whitman
écrit que l’herbe, c’est peut-être les cheveux des morts, il y a tant de monde
en dessous qu’au bout d’un moment ils refluent, ils sont les arbres, le lierre,
les roches, c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière. »
Amandine Monin.
La marcheuse sait de quoi elle parle.
L’immobile, elle, rêve des pas qu’elle ne fera pas.
L’immobile, elle, rêve des pas qu’elle ne fera pas.
Mais comptera pour le petit poucet.
Un deux trois quinze, ne te retourne pas.
14 septembre
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