mardi 4 août 2015

Mal à dire, maladie?

"Ne te moque pas de ton voisin
Ne ris pas de ton frère
Les sorciers l'ont ensorcelé ».


C'est comme ça que commence cette nouvelle journée. Dit Bosseigne. Sans message de la Tapissière.
Nous allons à l'aveugle.

Qui est le sorcier, qui l'ensorcelé?
Ai-je questionné.

Tu as toutes les réponses, a maugréé mon parent, en avalant sans plaisir sa bouchée de pain au miel.
Question de point de vue, comme toujours, ai-je commenté, moi aussi la bouche pleine. 
Nous ne partons plus?

Mon parent a soupiré, m'a considérée avec commisération. Je ne savais rien de son insomnie. Ni de son tourment présent. A moins que toujours le même?

Je suis allé sur un site. A-t-il repris. Cette nuit. A cause des étoiles.
Hein?
Elles fourmillaient. Insupportable. Difficile de les regarder. Alors j'ai pris une décision.
Ne pas partir?
Pas du tout, mais en toute connaissance de cause.
Comprends pas, ai-je marmonné.
Il faut se protéger de la Tapissière, c'est elle le sorcier.
Sorcière, plutôt.
Pas le moment d'ergoter sur les questions de genre. Cette personne que je refuse de nommer m'a ensorcelé.
Nous?
Non, il s'agit de moi. Ne te mêle pas de cette histoire.
Je ne t'accompagne plus?
Tu n'as pas besoin de protection. Tu es libre. Moi non. En me faisant son héritier, ta mère m'a lié. Je dois me délier.

La conversation matinale avait de quoi réveiller les morts. Ma mère pourtant n'a pas tenu longtemps face à Bosseigne et à ses décisions matinales.

J'ai acheté un masque de protection, a-t-il poursuivi.
Anti-fumées?
Non, africain, plus exactement Pendé Mbangu.
(Bosseigne me montre alors une photo du masque.)

Tu veux le porter en Cévennes?
L'apporter avec moi, oui.

Morts, malades, nous l'étions, l'avions été, le serions. Mais de là à nous promener avec un masque terrifiant sur la tête, chez la Tapissière. Mon parent l'ensorcelé du fauteuil?


Nous attendrons de l'avoir reçu pour partir, c'est l'affaire de 24 heures. On ne part pas sans lui. Il est nécessaire de nous protéger car la femme jouit d'un grand pouvoir sur nous. Nous, ses malades.
Je me sens de taille à l'affronter.
L'histoire, la Tapissière ou le fauteuil?
Du mal à le dire exactement mais...
Pour terminer ce qui  a été commencé, il me faut une protection, j'ai fini par le comprendre. Toi et tes mots, le café, la maison, n'y suffisaient plus. La preuve, nous sommes toujours sans nouvelles du fauteuil.
La Tapissière n'a pas répondu à ton message?
Non et c'est ce qui m'a ouvert les yeux. Nous savons par Joker qu'elle est vivante. C'est nous les ensorcelés. Donc..

Je suis restée sans voix. Sem voz.
Mon parent avait raison.
Sans doute.
Un masque, je n'y avais pas pensé.
Nous en usons tous les jours, c'est pour ça, sans doute, que.
Mais lui, mon Bosseigne, plus clairvoyant que moi.
Plus vif aussi, son désir de récupérer son héritage.
Il faut des accessoires et des auxiliaires.
Comme pour les verbes.
La langue nous montre la voie.
La phrase et la chasse vont de pair.
Deux fois.
Comprend qui pourra.
Et rira bien qui rira le dernier!





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