mardi 7 mai 2013

Un fauteuil ou une maison?

L'après-midi était tiède.
J'ai opté pour broder une maison. Je broderais son nom:  SANPATRI.
Pas la plus petite envie de sieste, non.
Mais l'envie têtue de voyager par le fil de coton. D'y aller de mon fil, comme d'autres de leurs pieds, de leurs bouches.
Y aller en restant sous l'arbre, assise.
Mais y aller.
broderie SD

J'ai lâché les poules au jardin. A cause de l'herbe. Et de la colline que j'apercevais depuis le banc où je travaillais.
Travail, la broderie?
Activité féminine?
Les nuages et leurs ombres glissaient doucement ensemble sur la colline. De temps en temps je m'arrêtais pour les regarder. Le chien ronflait.
Et moi je glissais mon aiguille dans la toile et dessinais un paysage à la mesure du fil.
Travaux de femmes.

Je me suis souvenue, dans la lumière de la fin de journée, du tunnel que le chien et moi avions franchi dimanche. Surtout sa peur. Arrêté au début de le traverser, comme tétanisé de frayeur. Pourtant il ne pouvait avoir souvenir du film de Kurosawa, Rêves, dans lequel un homme traverse un tunnel où des soldats morts l'attendent.
Franchir un tunnel est une sacrée expérience de la frontière, me suis-je dit, me rappelant celui, glacé, que nous avions traversé dans les Alpes, près de Jausiers.

Une nuit est un tunnel quand on est malade.
Une journée, un voyage de la nuit à la nuit.
En passant par le soleil ou la pluie.

Il va me falloir broder un fauteuil où me reposer maintenant.
Car le soir tombe et la colline s'adoucit, entre le vert et le gris.

Oui, un nouveau travail, broder un fauteuil où m'asseoir.

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