mardi 2 avril 2019

Soutine bleu


Soutine, enfants sur la route
...
Ils avancent dans un paysage coupé en deux dont ils ignorent la langue.
Car, reprend le garçon, un pays c’est une langue.
Pas vrai, dit la petite, ici et là, c’est la même. Presque.
Et puis des fois, plusieurs langues sont parlées dans un même pays, ça, je le sais.

(Pour l’instant, moi qui les suis, je ne sais rien du tout, à part continuer à marcher derrière eux, en tentant d’entendre ce qu’ils disent).

La peau, tu la vois, tu la sens, tu la touches, reprend le garçon, la frontière, non.
Il n’est pas utile de savoir où elle commence, ni où elle finit.
Traverser suffit.
Et si nous mettons nos pieds dessus,
nous la traverserons sans le savoir ?

Quand on quitte sa maison, c’est pour toujours.
Ils portent chacun un peu de la vie d’avant, emballé dans un petit sac à dos.
Comme ça, tu ne vois pas ce qu’il y a derrière toi.


Des questions, ça ne manque pas quand tu avances dans un paysage.
Ça tourne en tous sens, à se demander quoi sera au bout de la route.
On n’en sait rien du tout.
Dans quelle maison entrer ?
Il n’y a personne pour leur répondre. Et puis parler fatigue.
Peut-être, sans le faire exprès, mettront-ils le pied sur la ligne ?
Et le tour sera joué.

La rumeur des routes s’estompe peu à peu.
...

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