vendredi 20 octobre 2017

Une épave à Jyllinge, une petite plaque à Lübeck

Au loin, premier bateau aperçu.
Une épave.
Echouée.
Dans ces deux mots, épave, échouée, une idée d'échec.

Et parfois on se demande.
On croit connaître la réponse.
L'agitation que produit le vent à la surface de l'eau.
Roseaux, barques, oiseaux légers.


Et au loin le grand bateau échoué.
Contre une île verte-pelouse, à la semblance de baleine.
Les cachalots et les bateaux s'échouent sur les hauts-fonds.
Et les poètes aussi.

À l'abri des fenêtres, dans la douce maison de bois, nous sommes sans inquiétude.
Pas d'échouage en vue. Juste, peut-être, quelques pas le long de la grève.
Et le projet de rendre visite au coiffeur de Jyllinge.
Couper net la chevelure trop abondante.

L'épave joue sur sa quille et gite un peu sous le vent.
Couleurs du Nord douces à la peine.
Finlande. Danemark.
Des lignes se dessinent sur l'eau, d'autres friselisent.
Coquetterie du vent et de la mer, jouant ensemble.
Des feuilles volent. Par la fenêtre de la cuisine, tout est d'un vert éclatant.
Vers la mer, tout est doucement grisé.

Vols d'oiseaux. Tôt ce matin, une tête blonde a dépassé les roseaux et a filé vers la gauche.
Des canards pêchent, cul en l'air.
L'île en face  a disparu dans la brume.

Marchant dans Lübeck,  cette petite plaque au sol.
Un nom, un habitant de la cité, mort en déportation.
La plaque discrète a été posée devant sa maison, sur le trottoir.
Beaucoup ne les voient pas. Marchent sur leur mémoire.
Le nom est difficile à lire. Il faut faire un effort.
De lecture.

Nous vieillissons. Ici comme ailleurs.
Pourtant. Malgré.
Nous n'avançons pas.
Nous restons.
Là.



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