vendredi 24 août 2018

La caverne et l'enfant aux yeux bleus


Retour à la caverne.
Cave des souvenirs éparpillés que l’on ramasse précieusement pour un enfant aux yeux très bleus.
Ici règne une température égale. Royaume des ombres. Traces et débris que l’enfant observe attentivement.
Il avait dit : les hommes préhistoriques étaient bêtes.
Sur les parois, il découvre le dessin mouvant des animaux peints.
Aucun humain visible.
On lui montre la petite trace de pied enfantin.
On lui explique l’enfant porteur de torche.
Les mains négatives et positives.
Les points rouges, les traits, les traces.
Il pose des questions, agrippe la main de son père, regarde.
Il met son petit blouson à capuche. Sourit dans le noir.
Son père l’a pris en photo avec le mégacéros et l’ours des cavernes.
Pour la mère de l’enfant. Pour le souvenir d’une visite prévue de long temps.
Que voulait-on lui montrer ? La beauté ? La puissance du dessin caché au fond d’une grotte pour les temps à venir ? Je ne sais pas mais je voulais qu’il voie ces dessins, cette force du dessin, ces animaux et aussi sans doute, l’absence.


Pourquoi, a-t-il demandé plus tard, il n’y a pas d’humain dessiné ?
C’est la bonne question.
On n’en sait rien. Alors on imagine.
Soudain nous le voyons pour ce qu’il est.
Un enfant, doué de paroles, et d’une vie à venir.
Encore libre et avide.
Le Petit ne nous a pas accompagnés dans notre voyage. Il a pleuré puis a dit, je viendrai quand je serai plus grand. Interrogation et prière. Qu’aurait-il vu dans cette obscurité ? Plus tard on a raconté l’histoire préférée de son père, Riquet à la houppe et je lui ai montré mon anneau d’invisibilité.
Voir, ne pas voir.
Le Petit à son tour visitera la caverne.
La caverne raconte beaucoup d’histoires muettes. 
À son tour, il les entendra.
Et plus tard encore, il les racontera.
22 août







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