dimanche 5 août 2018

10 000 pas vers la grotte Chauvet?



 10000 pas.
La montre intelligente dit tu n’as pas marché le nombre de pas réglementaire.
Entre les rangées d’arbres, marcher n’est pas tout à fait avancer.
On revient en arrière, on cherche entre les haies un passage.
Les ornières sèches tordent le pied.
On presse le pas. Chacun nous rapproche de la grotte où nous aimons aller. Mais c'est encore loin, Chauvet et le Pont d'Arc.
Ici, loin des grandes falaises calcaires, il y a une géographie du cercle parce que nous sommes en plaine et que l’agriculture a imposé ses règles aux chemins. On passe et repasse aux mêmes endroits. En boucle on revient vers la maison. Ai-je marché assez pour aujourd'hui?


Je ne compte rien si ce n’est de temps en temps un rapace, des pies, un écureuil.
Quelques papillons parfois. Les libellules viennent autour.

Je n’ai pas de montre intelligente et mon cœur s’emballe souvent.
L’étau de la chaleur nous enserre tous dans une migraine indolore.

Le livre ouvert soupire en italien Voi che entrate. C’est en français traduit de l’américain que s’ouvrent des tunnels dans la ville de Paterson. Et dans le cerveau embué de chaleur. Renouant avec l’auteur portugais du texte traduit hier, je peux dire que tout ce que j’essaie d’entreprendre me lasse et m’ennuie. Quand je n’écris pas, et que je lis péniblement, le dégoût n’est pas loin. Voilà pourquoi je ne compte pas les pas du matin et poursuis la marche solitaire entre les rangées de fruitiers dont certains arborent des feuillages désolés et d’autres, au contraire, en pleine santé. Les figuiers surtout me réconfortent.

Comme les tout petits enfants, l’avancée de la nuit m’inquiète. Le jour et ses joies sont déjà passés ? Pourtant loin de me sentir joyeuse, j’ai traversé la journée avec effort, trouvant plaisir toutefois au repas partagé, à la recette du pesto mise en œuvre pour A. et B. qui ont envie de manger des pâtes.
Pas un jour sans ?
Dans un de mes poèmes traduit en anglais par l’ami D.Hirson, on retrouve la phrase de Dante, un sésame pour le lecteur : Voi che entrate. Comme la marche du matin, la page écrite se clôt avec ces mots : lasciate ogni speranza.
Ce soir il y a un espoir d’orage, d’eaux reuisselantes et de pâtes au pesto.

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