10000 pas.
La montre
intelligente dit tu n’as pas marché le nombre de pas réglementaire.
Entre les
rangées d’arbres, marcher n’est pas tout à fait avancer.
On revient en
arrière, on cherche entre les haies un passage.
Les ornières sèches tordent le pied.
On presse le
pas. Chacun nous rapproche de la grotte où nous aimons aller. Mais c'est encore loin, Chauvet et le Pont d'Arc.
Ici, loin des grandes falaises calcaires, il y a une
géographie du cercle parce que nous sommes en plaine
et que l’agriculture a imposé ses règles aux chemins. On passe et repasse aux mêmes endroits. En boucle on revient vers la maison. Ai-je marché assez pour aujourd'hui?
Je ne compte
rien si ce n’est de temps en temps un rapace, des pies, un écureuil.
Quelques
papillons parfois. Les libellules viennent autour.
Je n’ai pas de
montre intelligente et mon cœur s’emballe souvent.
L’étau de la
chaleur nous enserre tous dans une migraine indolore.
Le livre ouvert
soupire en italien Voi che entrate. C’est
en français traduit de l’américain que s’ouvrent des tunnels dans la ville de
Paterson. Et dans le cerveau embué de chaleur. Renouant avec l’auteur portugais
du texte traduit hier, je peux dire que tout ce que j’essaie d’entreprendre me
lasse et m’ennuie. Quand je n’écris pas, et que je lis péniblement, le dégoût n’est
pas loin. Voilà pourquoi je ne compte pas les pas du matin et poursuis la
marche solitaire entre les rangées de fruitiers dont certains arborent des
feuillages désolés et d’autres, au contraire, en pleine santé. Les figuiers surtout me réconfortent.
Comme les tout
petits enfants, l’avancée de la nuit m’inquiète. Le jour et ses joies sont déjà
passés ? Pourtant loin de
me sentir joyeuse, j’ai traversé la journée avec effort, trouvant plaisir
toutefois au repas partagé, à la recette du pesto mise en œuvre pour A. et B.
qui ont envie de manger des pâtes.
Pas un jour sans ?
Dans un de mes poèmes
traduit en anglais par l’ami D.Hirson, on retrouve la phrase de Dante, un sésame
pour le lecteur : Voi che entrate. Comme
la marche du matin, la page écrite se clôt avec ces mots : lasciate ogni speranza.
Ce soir il y a
un espoir d’orage, d’eaux reuisselantes et de pâtes au pesto.
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