mercredi 15 août 2018

Caffè degli Specchi a Genova


Parfois un rien ramène le sourire sur un visage : un tournesol dans un champ vide. Trois cigognes envolées au-dessus de la Crau. L’herbe verte sur les pentes du Pharo, ou aux abords du fort saint Nicolas et puis, par dessus tout, la mer, à Marseille. Le regard circulaire qui va de la pointe de la Couronne au Pharo, les noms délicieux à entendre et à lire de malmousque, maldormé, bains des dames, roucas blanc ou sormiou, pormiou, litanie heureuse qui se clot avec en vau, subitement ravive un pan de la mémoire. Catalans, ajouterais-je, pour le comte de Monte Cristo.
Puis un pont s’écroule.
Emportant avec lui le soleil et la mer.
Réveillant d’autres souvenirs, d’autres noms. Caffè degli Specchi.
Qu’est-ce qui vient alors vers nous ?
La nuit seule.
Le vent qui transforme la nuit d’été en nuit automnale fait frissonner d’on ne sait quelle peur.
Ce qui est arrivé se noie dans les gravats.
On ne sait pas ce qui est arrivé.
On regarde bras et jambes que le soleil a brunis. Intacts.
Pour le moment.

On pense aux amis envolés en Amérique. Aux avions. Les silencieux très haut, les
légers qui font sourire, les violents bruyants.
Et on se souvient de ces trois petits mots écrits sur un livre d’enfant : le petit oubli.
Ce qui arrive aujourd’hui, qu’est-ce que c’est, si ce n’est encore une fois le rappel de la ressemblance entre deux villes aimées et la douleur entre elles, et la mer ?
14 août


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