Parfois un rien
ramène le sourire sur un visage : un tournesol dans un champ vide. Trois
cigognes envolées au-dessus de la Crau. L’herbe verte sur les pentes du Pharo,
ou aux abords du fort saint Nicolas et puis, par dessus tout, la mer, à
Marseille. Le regard circulaire qui va de la pointe de la Couronne au Pharo,
les noms délicieux à entendre et à lire de malmousque, maldormé, bains des
dames, roucas blanc ou sormiou, pormiou, litanie heureuse qui se clot avec en
vau, subitement ravive un pan de la mémoire. Catalans, ajouterais-je, pour le
comte de Monte Cristo.
Puis un pont
s’écroule.
Emportant avec
lui le soleil et la mer.
Réveillant
d’autres souvenirs, d’autres noms. Caffè degli Specchi.
Qu’est-ce qui
vient alors vers nous ?
La nuit seule.
Le vent qui
transforme la nuit d’été en nuit automnale fait frissonner d’on ne sait quelle
peur.
Ce qui est
arrivé se noie dans les gravats.
On ne sait pas
ce qui est arrivé.
On regarde bras
et jambes que le soleil a brunis. Intacts.
Pour le moment.
On pense aux
amis envolés en Amérique. Aux avions. Les silencieux très haut, les
légers qui font
sourire, les violents bruyants.
Et on se
souvient de ces trois petits mots écrits sur un livre d’enfant : le petit
oubli.
Ce qui arrive
aujourd’hui, qu’est-ce que c’est, si ce n’est encore une fois le rappel de la
ressemblance entre deux villes aimées et la douleur entre elles, et la mer ?
14 août
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire