vendredi 5 juillet 2013

Pour ce soir Bosseigne serait Mopse...Et voilà tout.

Mopse et Bosseigne, ai-je pensé...
Et Bosseigne comme s'il m'avait entendu penser:
Mopse, tu ne le vois plus?

Le silence. Ce matin, mon premier mot a été papillon.
Puis la journée a passé.
Ensuite tout s'est brouillé pour revenir à Mopse.

Unrecounted, W.G Sebald

Non, je ne le vois guère.
Guerre et paix! Dis-moi, vous aviez de grandes conversations sur la littérature, non?
Non.

Je voulais en revenir plutôt au papillon du réveil. Mais Bosseigne ne lâche pas facilement sa proie.

Ce nom, tu imagines combien il m'étonnait quand je t'entendais le citer. Mopse!
Trouvé chez La Bruyère qui l'a lui-même trouvé dans l'Odyssée, je crois.
Un vieux de la vieille!
Si on peut dire.
Laconique. Encore l'Antiquité. Ma chère, ce soir, tu es une tombe.
C'est à cause des sentiments. De ce que nous en avons dit. Du papillon du matin.
Tu avais des sentiments pour Mopse, dans le temps, disait ta mère.
Possible.
Il y avait aussi une fille, Reine, je me souviens, parce que je trouvais ce prénom très beau.
Régine, Régina, Reine. Oui. Encore l'Antiquité.

Bosseigne sait quand je n'ai pas envie.
De parler. De manger. De rien. Envie de devenir aussi invisible que la lumière la nuit. Mais il continue, c'est sa manière.
Nous nous connaissons alors nous poursuivons. C'est notre manière d'être parents.
Apparentés. Appareillés. Un bateau familial en quelque sorte dans lequel tous les matins et tous les soirs nous appareillons. Vers le jour. Vers la nuit. Sous les étoiles.

Il faisait quoi, ce Mopse, dans l'Odyssée?
L'Odyssée, je n'en suis plus sûre. Il était devin.
Comme Calchas, ou Tirésias?
Oui.
Comme toi.
Hein?
C'était pour te faire un peu bouger. Tu es aussi silencieuse qu'immobile. Les gestes aussi nous trahissent. Et depuis que nous sommes attablés, tu es plongée dans un mutisme et une immobilité...désagréables. Est-ce à cause de la chaleur?
Non. A cause d'un mot.
Comme toujours.
Un mot mobile et doux cette fois, papillon. Plus mobile que musical, tandis qu'en effet Mopse...
Les noms, il n'y a tout de même pas que ça dans la langue. Les verbes par exemple...

Mopse et Bosseigne ont en commun de ne jamais lâcher le morceau.
En l'occurrence moi.
Proie facile, surtout le matin.
Surtout le soir.
Leur captive.
Et voilà, ai-je dit à haute voix, en allant me coucher.
Bonne nuit, Mopse.

Bosseigne n'a pas regimbé.
Pour ce soir il serait Mopse et voilà tout.




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