samedi 22 juin 2013

Mais là, ces mots bleus et dorés...

Imbécillité de ce choix.
Un premier mot!
Toute idée de collection est restriction.
Dit Boseigne, en colère ce matin.


Si tu es seul, reprend-il, tu ne parleras pas, alors...Foutaises! Je ne comprends pas ton besoin de construire, quelles que soient les circonstances, des choix impossibles.
Ce matin, c'est Al Coran, qui est venu et que j'ai prononcé à voix haute et distinctement, comme si tu pouvais m'entendre depuis la terrasse.
Décidément j'ai bien raison de dire que.
C'était bleu et doré, écrit sur de la mosaïque, je l'ai d'abord lu, puis dis à haute et intelligible voix.
Il y a de fortes chances, quoi que tu argumentes, que le premier mot soit bonjour et que les suivants soient bien dormi. Banalités que nous reprenons sans fatigue tous les matins que nous sommes en compagnie, tant le langage est commun.
Et les préoccupations identiques. Oui, bien sûr, mais là, ces mots bleus et dorés, Al Coran.

Bosseigne n'est pas enclin à m'accorder la moindre parcelle de territoire aujourd'hui. Capituler, renoncer à poursuivre serait sage.

Aussi abandonner ce collectage périlleux me paraît une solution raisonnable, reprend-il.
Ou alors.
Oui, je crois que tu vas trouver une manière de dériver autour du point nodal. Par exemple, les images ou inventer on ne sait quelle règle nouvelle pour commencer la journée sans inquiétude, c'est bien ça, n'est-ce pas?
Toute entreprise a sa nécessité au départ, puis...Du premier geste au dernier. On pourrait.
Tu pourrais...
Collecter le premier geste, tousser, mettre les pieds sur le sol, regarder un objet. Selon les matins.
Le ciel à travers la fenêtre dont tu ne tires jamais les rideaux.
La grande vague verte et bleue du peintre Henri Darasse.

Et puis il y a ce crapaud que j'ai trouvé en me promenant, près de la fontaine.
Tu en étais enchantée comme d'un trésor!
Pourtant la mort.
Mais tu voyais le geste vif, non?
Encore présent dans le corps séché. Et puis le dessin.
Tu y vois encore l'élan, le saut.
Comme le premier mot. Un élan à vivre.
Tous les matins.
Oui.

Bosseigne n'avait plus l'air fâché.
Il souriait de ma naïveté, ai-je pensé, mais de la constater l'avait revigoré.
Oui, dit-il enfin, tu as raison, la vie vaut bien qu'on ramasse un crapaud mort pour en faire un dessin.
Et en mon fors intérieur, j'ai ajouté:
aussi mauvais soit-il.
Pensant que mon parant, s'il avait pu entendre ma remarque serait tombé d'accord avec moi.
La vie vaut bien ça,
ai-je encore pensé, avant de boire la dernière tasse de café du matin.

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