En voiture,
ralentissant pour mieux voir, je les ai vues. Pivoines roses dans le champ
abandonné au trèfle et autres herbes folles. Les aristocratiques pivoines sont
cachées par le peuple des graminées de toute sorte. Ensuite, j’ai traversé la
route et rejoins le champ.
Pour voir les
fleurs en boutons, et certaines, largement ouvertes, sous l’effet de la pluie
légère d’hier. J’irai les revoir demain.
Hier encore, nous
avons bu et mangé (un peu) dans un beau café à l’ancienne à Nîmes, après la
lecture de Florence Pazzottu. Marseille tout entière entrée dans la Médiathèque, entre les
mots, a salé les pages des livres et a donné une crudité particulière à la
lumière du soir. On aurait presque entendu les voiles claquer dans le port. Je
me suis demandée ce qui restait de mes arpentages dans la ville natale. Un livre. Marseille éclats et quartiers. Une
grande ignorance ? En tout cas, je viens de là, mais ça ne dit rien, ça.
Sur mon bureau, il y a toujours cette phrase de Derrida : « Se porter
au-delà de son lieu de naissance… »
Je ne sais pas
si je suis au-delà, mais curieusement éloignée d’elle et remplie d’un murmure
confus de mots et de signes que la ville m'a laissés et que la lecture a ravivés.
Reconnus dans l’écriture de
F.P. comme autant d’indices que ni Marseille ni moi ne sommes séparées. Vivre
loin, marcher loin, ne m’éloigne pas autant que je le crois. Les promenades
adolescentes qui me faisaient sillonner la ville ne sont pas perdues
entièrement même si la configuration de Marseille n’est plus tout à fait la
même. Ni moi non plus.
Au café, nous
avons évoqué avec Y.M. la lecture de la semaine prochaine, un voyage dans la
couleur, l’ignorance et l’effacement. D’un livre à un autre. J’aime l’idée que
nous croisions nos regards, sa jeunesse vive et mon âge se rejoignant presque
simplement.
Bleu Marseille,
bleu Rhône.
À suivre.
18 mai
Marseille dans ses linges. Pour vous Sylvie, un titre.
RépondreSupprimerLinges et lignes se rejoignent sans cesse. poémémoire, dirait Emaz. Merci, r.t.
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