lundi 6 mai 2019

Homme de guerre, enfant et loup, toute une brousssaille à démêler, histoire de plein air




Leurs voix peu à peu se diluent dans le brouillard du soir qui vient, on les laisse là, on reviendra plus tard, vers la forêt et ce qui va avec, on abandonne net, on file ailleurs, on souffre d’autres douleurs, la nuit va venir sur eux, ils se sépareront ou s’entretueront, nous ne serons plus là pour observer la scène, et puis la lumière nous faisant défaut, nous aurons glissé vers la ville et ses rues bien éclairées, nous ne pouvions plus rester à attendre que quelque chose se passe, que le commandant accepte sa défaite, non, tout ça d’un coup effacé, plus rien à extraire, un jus mort, un sang noir, la disparition entre ronces et barbelés des deux protagonistes, et nous, à tenter une échappée loin de la scène de crime. Plantée devant la fenêtre je repousse le fauteuil à bout de souffle et je veux moi aussi aller voir ailleurs, plus loin, d’autres crimes, d’autres passions, me demandant ce que je cherche là, pieds gelés sur le carrelage froid, regardant ces gouttes d’encre noire sur ma main, ce qui se trame entre la bête et son humain, entre l’humain et son animal, depuis que je suis ressortie d’une caverne et ai couru vers l’échancrure de calcaire d’où l’on apercevait la vallée, bouche noire sur le flanc de la falaise, je reviens à ces mots, chassie, varices, bégaiement, comme on revient vers une source qui ne tarirait jamais et qu’on porterait en soi, avec sa propre mort, migrant d’une gorge dans une autre, échappant à la loi des humains pour renouer avec une loi archaïque tracée au manganèse sur des parois rocheuses, à la main, au doigt et à l’œil, discernant à peine ce qui s’inscrivait sachant qu’il ne faudrait pas l’enfreindre, sorte de généalogie antédiluvienne.

l’homme de guerre ne sait rien faire d’autre que rappeler à l’ordre les distraits

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