De retour.
Nous étions de
retour. Dans la nuit. Le retour est ce moment où la nuit vient, où la voix
entendue remplit la mémoire.
Quelqu’un a dit
que j’écrivais beaucoup.
Je n’ai pas su
répondre. Pensant à Faulkner qui disait : kill the darlings et qui a écrit des milliers de pages.
Et brusque
arrêt. Le long du talus, petits bêtes rousses. Chatons ? Renardeaux. Deux
plus un mort. On va voir. Un des petits file se cacher. L’autre dévore la
dépouille de son frère, la gueule pleine de son sang. F. pose sa main sur la
petite tête fauve. La petite bête continue à dévorer son frère.
Nous repartons.
Plus loin, plus
près de la maison, un renardeau trottine, affolé. Il s’interrompt, se retourne
vers nous, nous interroge du regard. Il n’a rien d’inquiétant. Il a peur. Sa mère
est perdue, l’a perdu, est morte. Nous n’en savons rien.
Nous longeons
au ralenti la petite bête sauvage terrifiée.
Je me rends
compte que ce que j’écris nous regarde.
Quatre renardeaux
dont un déchiqueté par son frère.
Et un autre,
tout seul, à la recherche d’un lieu où se rouler en boule en attendant.
Quoi, qui ?
Il n’en sait rien.
Livre de plein
air dont les pages tournent dans le vent frais de cette nuit sauvage.
Trois possibilités,
fuir, dévorer, attendre.
La troisième a
eu ma préférence.
10 mai
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