vendredi 10 mai 2019

Nouvelles de la vie sauvage




De retour.
Nous étions de retour. Dans la nuit. Le retour est ce moment où la nuit vient, où la voix entendue remplit la mémoire.
Quelqu’un a dit que j’écrivais beaucoup.
Je n’ai pas su répondre. Pensant à Faulkner qui disait : kill the darlings et qui a écrit des milliers de pages.
Et brusque arrêt. Le long du talus, petits bêtes rousses. Chatons ? Renardeaux. Deux plus un mort. On va voir. Un des petits file se cacher. L’autre dévore la dépouille de son frère, la gueule pleine de son sang. F. pose sa main sur la petite tête fauve. La petite bête continue à dévorer son frère.
Nous repartons.
Plus loin, plus près de la maison, un renardeau trottine, affolé. Il s’interrompt, se retourne vers nous, nous interroge du regard. Il n’a rien d’inquiétant. Il a peur. Sa mère est perdue, l’a perdu, est morte. Nous n’en savons rien.
Nous longeons au ralenti la petite bête sauvage terrifiée.
Je me rends compte que ce que j’écris nous regarde.
Quatre renardeaux dont un déchiqueté par son frère.
Et un autre, tout seul, à la recherche d’un lieu où se rouler en boule en attendant.
Quoi, qui ? Il n’en sait rien.
Livre de plein air dont les pages tournent dans le vent frais de cette nuit sauvage.
Trois possibilités, fuir, dévorer, attendre.
La troisième a eu ma préférence.

10 mai

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