Hier en route.
Pour lire en
public, entre livres et lecteurs. Dans une librairie.
Y aura-t-il du
monde, s’inquiète le libraire.
Nous ne sommes
pas seuls, ai-je envie de lui dire. Deux poètes à lire ensemble.
Mais lui,
inquiet. Moi, non.
Happée par la
présence des livres plus que par celle des gens venus nous écouter ?
Peut-être.
Sur une des
tables, un nouveau livre que je ne peux laisser derrière moi.
Ce matin, avant
de repartir dans une autre librairie, le livre m’accompagne dans ce moment si
particulier du réveil. Hier j’avais commencé à dormir joyeusement en compagnie
d’une phrase walsérienne si belle que j’avais espéré dormir en sa compagnie. Un
brusque réveil peu de temps après l’endormissement m’avait replongée dans un
état d’anxiété puis le sommeil avait repris ses droits.
Et ce matin, je
retrouve le sourire en ouvrant le livre.
Ce que je peux dire de mieux sur la musique.
Je suis revenue
vers cette phrase qui m’avait enchantée la veille. Ai lu tout le récit. Ai
encore souri. Suis allée donner à manger aux poules et libérer le chien avant
de repartir pour une nouvelle lecture dans une nouvelle librairie. L’herbe a
mouillé mes espadrilles. J’ai souri encore une fois en me disant que décidément
les libraires avaient raison de vivre au milieu des livres. Il y a là une bonne
médication pour les os douloureux et les têtes tristes. Ce qui fait qu’on vient
là se guérir en emportant un livre tel un remède merveilleux.
(J’ai repensé à
un livre de Mircea Eliade lu il y a longtemps. La lecture pour lui constituait
une sorte de relation nouvelle au mythe. En tout cas lire obsède et ravive en
soi une jeunesse prête à disparaître à tout moment. Chaque lecteur crée un
univers où vivent éternellement pour lui quelques livres nécessaires. Babel.)
Mais revenons à
Robert Walser.
Je joue du luth souvenir. C’est un instrument très
simple qui donne toujours un seul et même son.(…) Il est triste et gai.
Jouer de ce
type d’instrument me permettra peut-être de me rendre tranquillement dans une
nouvelle librairie lire à des auditeurs amicaux une partition poétique. En
espérant qu’elle soit aussi légère que celle de Walser et les fasse sourire.
25 mai
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