Carré 99/66
l’alpe en minuscule d’e.d. se
tient sur la colline toute brassée de brumes et de nuages nous voilà enfin en
suisse non pas dans les hautes montagnes que g.r. n’aimait pas mais belles
douces pentes du jorat marcher marcher recommence l’antienne marcher marcher
malgré genoux ensablés de gravier mauvais tu sors du bureau de poste marcher
marcher sans compter tes pas tu salues des gens tu reviens chez toi détour par
le potager voir où en sont après l’orage tomates et artichauts puis tu écoutes
p.p.p. expliquer le travail des poètes et après l’herbe son sourire te
réconforte la justesse d’aimer ces enfants-là derrière le grillage leur donner
place dans le poème tu reviens vers sam hier si désespéré tu as pris beaucoup
de notes en l’écoutant mais que vas-tu en faire vraiment que faire de son
regard et de ses mains inactives de jeune cultivateur mot qu’il emploie pour se
désigner tu vois le jardin et ton regard n’est qu’étonnement doute aussi devant
la repoussée du chiendent à arracher première notule écrite tout à l’heure à propos du verbe transformer rien ne
fera de toi une cultivatrice ou simplement quelques mots à tenter de faire
tenir dans un carré il y a souvent un peu de honte à écrire pendant que während SMB exproprie des terres l’écrivain
retardataire note la date 2014 et celle d’aujourd’hui 23 mai 2018 quatre ans
déjà que le père de sam est mort tu relis c.r. vois la ligne bleue qui court
sur les poignets tu sens à nouveau l’odeur pourriture odorante des caniveaux
après le marché rue longue des capucins et tu restes bras ballants à compter
tes pas plutôt que les pieds boîteux de ton carré il y aurait donc une poésie
nationale alors s’asseoir fermement sur le cul figlia
di papà et compter encore un carré
(23 mai)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire