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Di Rosa |
Faire cesser la pluie en
inventant une logique où le titre du livre de p.k. donne l’autorisation de
commencer la danse écrire une prose
sans élévation simplement embourbée dans la préparation d’une tasse de café
pour deux mains noires posées sur la table en attente de voix se croisant dans
ce que tu nommes par commodité ta langue la sotte question qui veut boire ce
soir le canon qui n’arrête pas de tonner ne parle pas de la guerre ni des
exactions commises au Soudan en Sierra Leone noms qui font frissonner simplement
veut éloigner la grêle qui dévasterait les arbres fruitiers ce ne sont pas des
criquets à ruiner les récoltes et le vieux manguier bougreville le soleil
traverse les nuages les voix continuent elles aussi de traverser l’espace d’une
table les langues malinké sousou peul forment des îles au-dessus de la tasse de
m.s. nous les voyons tous dériver de l’une à l’autre une géographie inconnue les
divise tandis que nous devisons de française manière quelqu’un dit une langue
pour la mélancolie une langue pour le travail un dit j’ai voulu écrire tout ce
qui arrive mais je ne peux le faire les mots ne viennent pas un autre voit la
mer-menace l’autre ouverte vers le sud un dit je veux marcher dans une ville
vaste l’autre ne veut pas sortir de sa chambre les frontières tirées au cordeau
plus tard nous les regardons le soir sous la lampe comme dans un poème de c.b.
les couleurs de l’atlas sont des mensonges roses et verts tous nous le savons
ici sans fronde comment david triomphe-t-il de goliath les installations
portuaires ne font rêver que les poètes prêts à tous les embarquements les
jeunes hommes qui regardent le temps défiler n’ont plus envie de voyage ma peau
rétrécit autour de mes yeux je ne vois que le carré
(30 mai)