jeudi 21 mai 2020

Chroniques du vivant (40)


(40)

Ich s’étonne.
Beaucoup de ce qui arrive.
Par exemple ce matin, le chien du petit-déjeuner, qui semblait l’attendre dans le jardin, prêt à jouer puis hop ! disparu dans le champ d’artichauts.
La délicieuse confiture de nèfles aussi l’étonne.
Si bien réussie.
Le rat gros et gris qui semblait endormi dans le poulailler l’a surpris et même effrayé.
Le récupérer avec des pincettes et le fourrer dans un sac.
Ich est étonné de pouvoir le faire.
La chaleur si vite revenue qu’on peut manger dehors à 7 heures du matin l’étonne.
La survenue du chien, un cadeau.
La confiture aussi.
La chaleur aussi.
Et la lecture ce matin des poèmes de M. l’a étonné. Elle allait très bien avec le goût délicat des nèfles et surtout la fin :
« Soyons intimement lointains »
a écrit le poète. Ich déguste ce vers. Il sait qu’il l’offrira à un ami.
Manger et lire sont des activités compatibles, Ich le sait depuis l’enfance, lorsque, revenant de l’école, il s’installait dans l’appartement vide et goûtait tout en lisant Stevenson, un de ses auteurs préférés, La Flèche noire par exemple.
Nous avons beaucoup à vivre, se dit Ich, et il en reste si peu ensuite.
Comme d’un corps, le tas de cendres dans un vase, si peu.
C’est étonnant qu’un corps tienne en un si petit récipient.
Où est la place des souvenirs, des rêves et des désirs ?
Ich s’étonne : que sont-ils devenus ?
Tellement et puis si peu.
Rien ?

SCZ

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