dimanche 18 août 2013

Deûle tueuse, Deûle endormeuse


Emportant dans ses eaux,
L'enfant, l'homme, la mère.
Emportant en ses courants,
Et les larmes aussi, sans cesse.
Emportant.
Le courant, ces lettres, le C initial, la syllabe nasale finale.
Comme dans cornard.
Rien à voir. Ici la Deûle endormeuse comme la Meuse mais douloureuse tant.


Et l'enfant belle enfant et la mère à son lit dormant.
Mais pas de berceuse, seule la mort dans l'eau et l'enfant avec elle. Et nous, incapables de voir autre chose ce soir que la femme agenouillée au bord de la Deûle comme au bord d'un lit.
Et ce mot incongru de cornard, et la poésie de Peter Diener qui parle de lim lom. On ne sait pas où se mettre.
Il fait lourd.
La mère au chevet de l'enfant disparue, celle, petite, sa fille, la rivière au mauvais nom de douleur.
Et toi, là, abruptement, tu prononces ce mot: cornard.
Lu ce matin, les yeux pleins de larmes à cause que.
Dirait James Sacré.
Dirait ma mère c'est elle qui.
Cornard?
Oui, et surtout mon grand-père, son père.
Qui disait?
Cornard en parlant de mon père. Le cornard.
Et tu lisais quoi?
Un roman portugais, La couverture du soldat, Lidia Jorge.
Et tu t'es souvenu que ta mère, ma tante donc, disait.
Surtout mon grand-père, oui, le disait et moi je ne savais pas le sens du mot. Et avais même oublié le mot. Un mot rare.
Assez vulgaire en plus. 

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