mardi 10 novembre 2020

Saskia Beretta, II

 Une femme comme ça, qui tombe du ciel, ça n'existe pas, se dit Ich.

Une fine mouche, non vraiment, même pas Annie croirait une chose possible. Non et non.

Saskia Beretta, vous dites? Comme la femme préférée de Rembrandt, sa jeune épouse?

Exactement de la même matière et ma main à peine posée sur ma poitrine de brocard.

Un animal ou du tissu, je sais.

Ich, ne vous fâchez pas. La réclusion, même volontaire, est difficile. Vous souffrez de ne pas le reconnaître. L'angoisse serre la poitrine. 

C'est votre intrusion qui provoque mon anxiété; Que vais-je faire de vous? Sans parler de moi, qui ne sais pas vivre entre deux états, la solitude et le compagnonnage. Et puis on ne compagnonne pas avec une femme, fût-elle Saskia Beretta. A la rigueur Annie Dillard, oui, pourquoi pas? Mais vous? Non et non.

Ich est buté. il ne veut rien entendre, ni attendre. Ce nom tombé chez lui, il ne sait qu'en faire. Ich tient à sa solitude où rien ne bouge. Et voilà que cette brunette en collants noirs l'agace au plus haut point. Déjà difficile de se tenir en équilibre dans ce monde insensé, alors, là, c'est le bouquet!

Je peux vous être utile en tenant à jour votre comptabilité. ratisser votre jardin. mettre les bulbes au sec etc.

Non, décidément non, Ich renonce à la compagnie de qui que ce soit. Il l'exprime clairement à la brune Saskia en lui montrant la porte du jardin, celle qui donne sur la rue et grince un peu.

Vous voulez que j'y remédie, demande-t-elle d'une voix suave. Je peux la décaper, huiler les gonds etc.

Je veux seulement que vous disparaissiez de ma vie. de ma vue. 

Ich, un peu voûté, se détourne et regagne la maison, claque la porte. Saskia Beretta disparaît aussitôt.  Il n'est pas sûr que Ich s'en soit aperçu. Une fumée flotte sur le seuil. 

Fantôme?

 




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