dimanche 25 août 2019

Memento de la faim


Il y a une sorte d’obscénité à écrire au milieu de tous. Afficher une pratique solitaire au vu et au su de toute la maison, écrire précisément dans la pièce que traversent visiteurs et amis, parents et voisins ? Dans quel but se montrer en train d’écrire ? C’est bien moi qui ai choisi d’installer la table dans le salon, moi et personne d’autre.
Du coup je n’écris que de courts messages ou de vraies lettres. Mon bureau est au centre et personne ne peut éviter de le voir, ni l’ordinateur ouvert, ni les feuillets, les livres et autres objets d’écriture. Ni de me voir assise là, en face de la fenêtre, plus ou moins désoeuvrée. 
collage SD

Telle le vers luisant dont la femelle brille pour séduire les mâles, qui est-ce que j’essaie d’attirer dans la toile des mots en me livrant ainsi ?
Il existe des associations de défense et protection des lucioles et vers luisants et même une nuit à eux consacrée. Mais ni lucioles ni vers luisants sont obscènes. De même dévorer les larves d’autres espèces ne les rend pas cruels pour autant. Ils survivent, malgré les pesticides, poisons pour limaces et lampes solaires. Difficilement. Mais ils sont encore là.
Un écrivain est plus fragile. Voir ce qui arrive à Yann Moix. Va-t-il en mourir ? Ou au contraire se redresser de plus belle ? Comme une sorte de scorpion.
D’où tout ce temps passé en cuisine où là tout le monde trouve sa place Surtout les mères. Au moins, ma présence y est attendue. Tout le monde sait que j’aime cuisiner. Nourrir plutôt. Ce qui touche à la faim me requiert depuis l’enfance. Associée à la lecture. Dévorer, être dévorée.
Anniversaire de ma mère aujourd’hui. On aurait fêté ses 103 ans. Sainte Rose de Lima, hier. Aujourd’hui, on fête les Louis. Memento de la fin.
Tout est bon pour différer l’écriture. Même écrire pour le dire.
24 août

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