lundi 19 août 2019

Cuire deux pains, planter une rhubarbe



Quand le livre est arrivé, j’ai cuit deux pains. J’avais planté une rhubarbe quand la maison d’édition m’avait écrit pour accepter le manuscrit des Autobiographies de la faim. Mon ami Denis Hirson a souvent insisté sur la nécessaire ritualisation des gestes de notre existence. Alors cuire deux pains en hommage à la faim et une plante pour honorer un nom.

La huppe sur la route, le guêpier envolé au-dessus de l’auto, autant d’accompagnements, tels les livres sur la table qu’on déplace de temps en temps, ouverts et refermés, montés à l’étage, redescendus, déposés près de soi, à côté de l’ordinateur-ordonnateur des matins. Animal lové contre soi, enfui au jardin, mort sur la route. Animaux de toute espèce. Sangliers tueurs tués. Loir coupé en deux par le chat. Poule noire légère, si légère qu’elle en est morte. Insectes que je n’attrape pas pour les ficher avec une épingle dans un carnet d’entomologiste, tel que le raconte Romain Bertrand des amateurs du XIX° siècle qui recherchaient la meilleure manière de tuer sans abîmer le bel insecte qu’ils avaient attrapé.

Je retrouve ce matin une ébauche d’herbier commencé cet été. La mort des fleurs, lavandes, parachute d’érable, vraiment ?
19 août

1 commentaire:

  1. Un beau titre pour un livre qui, on le devine doit parler "des" faims et de leurs histoires (puisqu'autobiographies, au pluriel), et qui d'autre part reconnaît "le" phénoménal problème de la faim. Il me fait penser à un autre beau titre d'un livre beau et utile (scientifique mais pas seulement !), "Pourquoi j'ai faim" de Marie Thirion.

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