mardi 6 août 2019

"Faire des livres n'a pas de fin".


D’abord cette phrase, notée en rouge, tirée de l’Ecclésiaste, qui dit : « Faire des livres n’a pas de fin ». Ensuite la remarque banale faite devant moi, dans une librairie : trop de livres ! Puis, ces mots venus, en déambulant d’une pièce à l’autre, à la recherche de ce qui est à faire ce matin en premier : je n’écris, ne dessine qu’empêchée. Ou encore ce titre du prochain livre à paraître, Autobiographies de la faim, qui lui aussi me retient. 
Et le nom de la maison d'édition Rhubarbe, qui a donné lieu à une plantation intrépide au jardin dans un été aussi sec. 
Des amies hier soir ont dit qu'ici nous avions créée une oasis. L'eau sous le jardin nous isole en nous protégeant. Pour combien de temps?
 

Pourtant, je reviens à la table, entre monnaie du pape et Anne Dufourmantelle, livres empilés de Janet Frame et W.C.Williams, sans oublier l’agenda et ses futurs, et le chat lentement s’installe pour la sieste du jour. 

Le livre de Anne Dufourmantelle réconforte les mères dont la vie est traversée par le désir de créer. La liberté pour laquelle les femmes ont combattu n'a pas encore de nom, écrit-elle dans la Femme et le sacrifice. La mort venue trop vite pour elle prend un sens très fort. Sans qu'on ne puisse rien en dire de plus. Rejoignant Virginia, Sylvia, Corinna et d'autres. 

Empêchée, c’est-à-dire en équilibre sur le bord de la chaise, mauvais papiers, encres presque sèches, vieil ordinateur. Retenue aussi. Et l’impudence de la table dressée au milieu de la maison, livrée aux regards. 
Affirmation tranquille ou effort pour tenter de dire que cette maison appartient aussi aux mots dont notre bouche est pleine ?

6 août

2 commentaires:

  1. Vous avez une très belle phrase "Et l’impudence de la table dressée au milieu de la maison, livrée aux regards" pour parler de quelqu'un qui vous ressemble beaucoup. Et la question soulevée "Affirmation tranquille ou effort pour tenter de dire que cette maison appartient aussi aux mots dont notre bouche est pleine ?" qui n'est pas une vraie question, bien sûr, dit avec un incroyable mélange d'élégance et de trivialité la problématique d'un désir d'écrivain.
    De la table à la maison, ce sont de magnifiques métonymies.

    RépondreSupprimer
  2. Je viens juste de lire votre message. Encore une fois votre lecture est pleine d'enseignement...

    RépondreSupprimer