Carré 32
L’un ne lit que de la poésie crée de drôles d’outils de
jardinage qu’il met ensuite dans des cadres carrés puis l’autre est entré et a
demandé de la poésie rien que de la poésie je viens de perdre ma mère et il a
acheté trois livres d’un coup l’oiseleur nous l’avions fait entrer dans ce
paradis parce que g.c. et moi venions de perdre chacun notre mère presque en
même temps et cet eden dont se pare le titre une sorte d’hommage à nos mères
puissantes à leur goût d’ordonner nos vies tel le jardinier dans son potager
ordonne les carrés selon qu’il y sème des salades des carottes et des choux g.
et moi étions des enfants tant que nos mères étaient en vie ensuite nous avons
grandi d’un seul coup comme les cèpes dont parle si éloquemment p.h. qui en
une nuit triplent de volume et nous devenus grands si subitement que nos têtes
se cognaient au ciel tandis que nous tentions de fuir notre chagrin alors nous
avons voulu ce livre pour moins nous blesser aux arêtes des carrés que nous dessinions
chacun à notre manière lui les couleurs moi les lettres crier nos cicatrices tant
est violent l’attachement maternel et plus grand encore peut-être l’arrachement
filial délier défaire défier ce qui longtemps a constitué la base de l’édifice
et se voir à nu sans rien pour masquer la nudité de nos corps d’orphelins ceux qui
se gaussent de nous savent-ils vivre comme des enfants sans mère motherless child chanson que m.j.
chantait sur le tourne-disque gris et rouge offert pour ma communion solennelle
à marseille dans un carton carré
(17 mars)
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