mardi 24 septembre 2019

The revery alone will do...E.D.


« Edith l’aimait ».
Ce sera la première phrase aujourd’hui.
Un air familier et lointain, un air qui va bien, une forêt toute proche, des noms de lieux aussi, Besançon par exemple ou encore Roanne où habitent des poètes.
Mais aussi Cluny puisque c’est là que l’ai entendue.
Hier je l’ai relue. Incipit mystérieux d’un livre toujours à relire. Une prose fugitive, tremblée, dansante qui échappe à son lecteur. Qui a écrit cette phrase en début de son roman ?
Me revoilà avec le livre sur la table et la question dans la tête. Je pense au mot choisi par Emily Dickinson : revery.
Elle écrit :
The revery alone will do,
If bees are few.
Écrire le moins pour dire le plus.
Le français bavarde :
La rêverie seule y suffirait
Si les abeilles venaient à manquer.
Et sur un dessin, j’ai eu besoin d’écrire : Edith m’aimait. Obscurément tentée de m’identifier au Brigand et à son narrateur.  De la même manière émue par deux hêtres réunis par leurs branches mêlées. Ou leurs blancs visages d’écorce en un univers walsérien, tendre et secret.
De Cluny, je retiens Petite rue d’avril, ça me suffit cette géographie minuscule. Sur le carnet tenu sur les genoux où j’ai pris quelques notes, je trouve (retrouve ?) une courte phrase : La misère nourrit ses pauvres. Je la rapproche du phrase venue me surprendre et qui se trouve dans les Autobiographies de la faim : La mémoire pue. On me l’a reprochée. Je ne saurai la changer. Dans les heures d’insomnie, elle me semble juste. Quant à savoir si elle est nécessaire, c’est au lecteur d’en décider. Et à Edith, si elle existe ailleurs que dans un roman de Robert Walser.




24 septembre


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