« Edith
l’aimait ».
Ce sera la
première phrase aujourd’hui.
Un air familier
et lointain, un air qui va bien, une forêt toute proche, des noms de lieux
aussi, Besançon par exemple ou encore Roanne où habitent des poètes.
Mais aussi
Cluny puisque c’est là que l’ai entendue.
Hier je l’ai
relue. Incipit mystérieux d’un livre toujours à relire. Une prose fugitive,
tremblée, dansante qui échappe à son lecteur. Qui a écrit cette phrase en début
de son roman ?
Me revoilà avec
le livre sur la table et la question dans la tête. Je pense au mot choisi par
Emily Dickinson : revery.
Elle
écrit :
The revery alone will do,
If bees are few.
Écrire le moins
pour dire le plus.
Le français
bavarde :
La rêverie seule y suffirait
Si les abeilles venaient à manquer.
Et sur un
dessin, j’ai eu besoin d’écrire : Edith m’aimait. Obscurément tentée de
m’identifier au Brigand et à son narrateur.
De la même manière émue par deux hêtres réunis par leurs branches
mêlées. Ou leurs blancs visages d’écorce en un univers walsérien, tendre et
secret.
De Cluny, je
retiens Petite rue d’avril, ça me suffit cette géographie minuscule. Sur le
carnet tenu sur les genoux où j’ai pris quelques notes, je trouve
(retrouve ?) une courte phrase : La
misère nourrit ses pauvres. Je la rapproche du phrase venue me surprendre
et qui se trouve dans les Autobiographies de la faim : La mémoire pue. On me l’a reprochée. Je
ne saurai la changer. Dans les heures d’insomnie, elle me semble juste. Quant à
savoir si elle est nécessaire, c’est au lecteur d’en décider. Et à Edith, si
elle existe ailleurs que dans un roman de Robert Walser.
24 septembre
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