samedi 21 juillet 2018

Blanchir comme si le texte était de la poésie -.





Ouvrir des livres, y entrer. Comme on entre dans le paysage sans savoir ce qu’on y trouvera.
Celui-là s’ouvre à la même page toujours. Le Fou.
On y voit la lune, Scarbo le gnôme et les monnaies anciennes qu’il compte et recompte dans la cave.
« Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu’avait égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux. »
Cette locution, tandis que, dit que nous ne sommes pas seuls à exister, qu’il y a toujours autre folie, autre vie, autre catastrophe que la nôtre. Wärend. On se demande si ce n’est pas la route que trace le limaçon qui est lumineuse. En tout cas la nuit a définitivement chassé le jour.
« Faut-il prétendre, écrit Sainte-Beuve à propos de l’auteur, (…) corriger les poètes, les guérir de la poésie ? »
Se rejoignent Aloysius et Bartleby dans le même refus.
Comme un autre jeune poète, Bertrand « refusa de travailler. On lui avait trouvé des besognes à faire (misérables besognes, il est vrai) (…) il refusa tout. Il fut invnciblement pris d’oisiveté comme un voyageur est pris de sommeil dans la neige. »
Victor Hugo a vu juste dans le péril qui guette les poètes à trop fréquenter les cercles et les salons. Ce piège tendu tel une toile, ils sont plusieurs à en avoir fait l’expérience à l’époque de Nodier.
Aujourd’hui ?
Un peu plus loin, dans les rayons mouvants du soleil froid de ce matin, éclate l’irrésistible maladie qui s’abat sur Perle et l’autre côté rejoint la nuit.  Nous pourrions dormir à nouveau. La tête pleine du tracteur et de ses fumées répandues dans le champ d’à côté. La terre est noire. Les dessins de Kubin emportent loin, rejoignant la Pologne des Boutiques de cannelle, dans une encre opaque.
Tracteur devient traceur. Le toit nous quitte pour le ciel.


Règle générale.- Blanchir comme si le texte était de la poésie. (consigne donnée par Aloysius Bertand à son éditeur).
Le cheval dessiné se met à danser et indique au tracteur la route à prendre vers la Voie Lactée.
Les cigales assourdissent la nuit diurne. En route !

 




































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