Ouvrir des
livres, y entrer. Comme on entre dans le paysage sans savoir ce qu’on y
trouvera.
Celui-là s’ouvre
à la même page toujours. Le Fou.
On y voit la
lune, Scarbo le gnôme et les monnaies anciennes qu’il compte et recompte dans
la cave.
« Tandis
que, les deux cornes en avant, un limaçon qu’avait égaré la nuit, cherchait sa
route sur mes vitraux lumineux. »
Cette locution,
tandis que, dit que nous ne sommes pas seuls à exister, qu’il y a toujours
autre folie, autre vie, autre catastrophe que la nôtre. Wärend. On se demande si ce n’est pas la route que trace le limaçon
qui est lumineuse. En tout cas la nuit a définitivement chassé le jour.
« Faut-il prétendre,
écrit Sainte-Beuve à propos de l’auteur, (…) corriger les poètes, les guérir de
la poésie ? »
Se rejoignent
Aloysius et Bartleby dans le même refus.
Comme un autre
jeune poète, Bertrand « refusa de travailler. On lui avait trouvé des
besognes à faire (misérables besognes, il est vrai) (…) il refusa tout. Il
fut invnciblement pris d’oisiveté comme un voyageur est pris de sommeil dans la
neige. »
Victor Hugo a vu
juste dans le péril qui guette les poètes à trop fréquenter les cercles et les
salons. Ce piège tendu tel une toile, ils sont plusieurs à en avoir fait
l’expérience à l’époque de Nodier.
Aujourd’hui ?
Un peu plus
loin, dans les rayons mouvants du soleil froid de ce matin, éclate
l’irrésistible maladie qui s’abat sur Perle et l’autre côté rejoint la
nuit. Nous pourrions dormir à nouveau.
La tête pleine du tracteur et de ses fumées répandues dans le champ d’à côté. La
terre est noire. Les dessins de Kubin emportent loin, rejoignant la Pologne des Boutiques de cannelle, dans une encre opaque.
Tracteur devient
traceur. Le toit nous quitte pour le ciel.
Règle générale.-
Blanchir comme si le texte était de la poésie. (consigne donnée par Aloysius
Bertand à son éditeur).
Le cheval
dessiné se met à danser et indique au tracteur la route à prendre vers la Voie
Lactée.
Les cigales
assourdissent la nuit diurne. En route !
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