mardi 9 janvier 2018

"Il y a que vivre est fait de flottements, qu'on ne fait pas partie..." Michel Bourçon

Nous sommes pris dans l'hiver.
Son vent. La neige qui trace des lignes dans la boue.
Nous sommes enclos.
Les quatre vitres de la fenêtre sont embuées. Au-dessus de nous, le toit vibre.
Et hier soir flocons sur le noir du ciel.

Certains nous ont dit : qu'allez-vous faire dans ce désert et en plus il va faire mauvais?
Oui, qu'allions-nous faire, enclos par l'hiver, après la mer ouverte que nous avions aimée il y a peu, le long des roches de Cadaquès?

Nos bagages étaient prêts.
Bibliothèques volantes.
De la Sibérie à l'Anatolie.
Carnets en tous genres.
Encres de couleur. Plumes?

Tous nos livres en français, même si parlant langues et pays d'ailleurs.
Travaux aussi, en tous genres, d'aiguilles et de mots. Dessins et poèmes.
Images surtout.


De celles qui te font te lever et courir à l'unique fenêtre pour voir où on est le jour.
Puis café et ouvrir livres. (Attraper le Gröll de Christophe Manon par la manche, lui qui sait.)
En même temps que l'Appétit dont Rabelais fait un convive, le désir de lire se trouve ravivé par la lumière blanche du matin.
Ici, au Contadour.

Et dans les livres amis apportés comme trésors ici, s'ouvre le dernier opus reçu du Phare du Cousseix de Julien Bosc : À l'arbre que l'on devient, de Michel Bourçon.
Et cet arbre-là rejoint l'arbre nu, un grand chêne, qui nous fait face et s'offre bravement au vent polaire.


Les loups peuvent venir écouter ce qui se dit dans le poème. Sans crainte. L'homme qui a écrit est plein de cette attention dont nous avons tant besoin, nous les humains et les loups avec nous. Il y a de bonnes nouvelles à entendre. Apprendre que nous faisons partie de la même forêt, peut-être?
Sylve que mes parents ont mise dans mon nom?

"Par la fenêtre, parmi le balancement des arbres chahutés par le vent, il y a le livre qui attend d'être écrit, on distingue, parmi les branches, la silhouette d'un poème, à pas menus, à pas comptés, se découvre et capitule, en souriant au vainqueur."

Ce vainqueur, c'est aujourd'hui le vent glacé qui tourbillonne sur le champ de neige et bataille en éparpillant les mots du poème. Mais la silhouette menue suit sa route, capitulant en apparence et souriant du bon tour joué au désespoir.  
Comment faire? dirait le Petit, oui, comment faire autrement?
Lui, le Petit et le Poème avancent ensemble, les yeux plissés et remplis de larmes à cause du froid, mais ils avancent.
Oui.
Et nous, calfeutrés en silence, avançons avec eux.
Jusqu'au prochain matin.







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