samedi 13 janvier 2018

Écritures de pierre (suite)

L'herbe trace le sentier.
Sans issue?
Je le suis.
Chien roux derrière moi.
Puis.
Nous sommes assis tous les deux dans le pierrier, recherchant la vraie blancheur.
Un taureau émerge du calcaire.
Je l'empoche.



Autre chemin, plus large. L'herbe repousse.
Douceur presque tiède.
Sous les pieds bien chaussés, plaisir.
Aucun troupeau, aucun travailleur en vue.
J'erre dans les vallonnements des prés, en compagnie du Blond.
Ma silhouette traverse. Me traverse. Traverse le paysage.
Ne modifie rien. S'efface.

Plus loin je découvre des arbres en train de greffer.
Le paysan est invisible, pourtant les arbres courts portent plusieurs greffons.
Des merisiers sans doute. 
Deux soutiennent un hamac fatigué.
Sans personne pour s'y reposer.
J'ignore pourquoi ce que je vois d'abord, c'est l'absence ici.


Et découvrant greffons et hamac, j'imagine le jardinier.
Mais il s'est absenté. Pour un autre travail, un autre repos?
Il n'y a personne.

Le chien et moi remontons vers la maison.
Déserte elle aussi.
Les ombres des pins s'allongent.
Je cherche encore à voir ce qui ne se montre pas.
Comme ce taureau sur la pierre.
Y est-il vraiment gravé ?
Il faudrait les lumières de quelque Gwen Rigal.
Sur la table pourtant, l'animal et la pierre ne font qu'un.

Nous partons demain.
Un poète que nous sommes allés écouter à Banon clôt sa lecture :
"Maintenant allons nager."
Ce sera donc le ciel. Où nager.
Mains se tenant.
La mer enneigée de nuages à venir.
Le corps salé de plaisir.
Demain?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire