vendredi 30 septembre 2016

Bribes de lettres, tessons de mer, lettre à Bosseigne, Jean, Marco E. et les autres


Lettre à un inconnu nommé Bosseigne, mais aussi à Jean et Marco E.,



Je parle au féminin.
Ou plutôt je ne sais pas si ce que j’écris est au féminin.
Singulier sans doute, par nécessité et solitude aussi.
Je ne sais pas si je parle comme j’écris.
En tout cas la lettre se fait pressante : écrivez, écrivez, dit-elle.
Alors je lis.
Masculin, féminin. La lecture aurait-elle un genre ?
Et voilà que s’ouvre cette lettre à B. et aux amis.
Au moment de partir, au moment de.
Se dépêcher.
Impossible, il faut commencer à écrire une nouvelle lettre.
Devenu presque une folie. Compulsion maniaque.
Au moment de rejoindre le désert du Larzac.
De quitter les basses terres et l’horizon marin ?

Pourtant quelqu’un m’envoie un message au titre prometteur : la Suisse des sommets.

Deux pages d'Estran de Denise le Dantec

Les enseignements de la coquille, écrit Denise Le Dantec.
Et après elle, je crois beaucoup aux enseignements divers que nous donnent plantes, arbres et animaux.

Et aussi la lecture indispensable, nourriture qui permet dès le matin d’emporter avec soi pour la journée, casse-croûte poétique, quelques mots du livre lu.

Ce matin, ce sera : lisière élue.
À cause de la mer d’abord. Celle qui borde l’île.
Et aussi à cause de son utilisation dans le textile.
Et enfin, lisière du poème où s’achève la nuit.

Ces dernières années, les îles de la Méditerranée deviennent infréquentables à cause de la mort rouge.

Mais la mer reste le sujet principal.
Ou plutôt l’absente principale.
O mar, il mare, the sea, la mer.
Comment savoir.
C’est elle qui donne à Denise ce goût d’herboriser en regardant à la fois ses pieds et le ciel.
C’est elle qui donne à Jean ses bribes qui nourrissent certains de ses textes.
C’est elle qui manque ici.

O ceu, aussi, donne beaucoup. Des hommes-nuages, étoiles filantes, le souffle de la nuit.
Les portugais invoquent le ciel, o ceu, mais aussi la notre dame, Nossa.
Et qu’invoquer si ce n’est nos mains qui se croisent au-dessus de la mer, sous le ciel, nos mains amies, dirait Paul Celan.

Soutine aurait approuvé : un pont au-dessus de nos incompréhensions multiples. Il aurait signé en rouge. Un rouge brillant comme la roche d’où sourd la source de toute peinture. Marco sait bien de quoi je parle, lui qui connaît si bien Robert Walser et ses chemins d'amitié avec Carl Seelig.

Nos mains amies.

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