dimanche 13 octobre 2013

Et qui plus est...

Dit Bosseigne, je vais me coucher. Dormir.

Le froid avance avec la nuit. Nous sommes seuls. Une quart de lune peut-être, mais ça ne suffit pas à éclairer le jardin. Tout s'enfonce, murmure encore mon parent. Je ne lui demanderai pas jusqu'où va cet enlisement. C'est un soir d'ennui, d'étouffement, d'enfoncement. Trois noms communs y suffisent-ils?

Et qui plus est. Phrase bizarre puisque c'est en moins que nous sommes ce soir. Pas d'augmentation de notre joie, encore moins de notre humanité. Mais là aussi motus. Le nom de mon arrière-grand-père surgit bien à propos pour évoquer le silence qui nous saisit ce soir. Il reste à ranger (un peu) les débris de notre modeste repas. Bols, verres et couteaux. Rappel à la réalité coupante. Bosseigne continue à se taire. Nous? Formons-nous un pronom de première personne du pluriel?

 En le regardant enfourner la vaisselle dans la machine, je me demande combien de temps nous allons encore vivre cette vie sans.  L'absence (du fauteuil) nous a permis jusque là de supporter bien des choses. Que nous apporterait sa présence? Peut-être même nous poussera-t-il à nous séparer?

Collage SD

J'en reste là.
Bosseigne aussi.
Nous sommes debout sous la lampe. Stupides.

Et qui moins est, ai-je envie de dire.
Pour que nous ne nous quittions pas sur ce constat d'échec.
En moins, c'est le fauteuil. Ou en plus?

Je me demande, commence Bosseigne.
Enfin.
Si.
Nous?
Oui, toi, moi, c'est grammaticalement correct d'employer un pronom personnel qui peut impliquer le plus souvent la notion de pluriel, soit au moins deux personnes.
La manie de compter.
Pour aimer il faut au moins trois mains. A moins que.
L'un soit manchot.
C'est exact. Mais poursuivons.
Chimère ou Chimène? Qui poursuivre encore?
Ma chère, tu es autant que moi lassée de tout bavardage inutile, alors.
Demain, c'est dimanche. Un peu de.
Sommeil, oui. En plus. Celui dont nous parlions, et qui plus et, tu te souviens?
Je ne suis pas sûre que ce soit lui qui nous manque le plus.
Le fauteuil?
Nous y revoilà. Il va falloir partir en chasse.
C'est la saison qui veut ça?

Nous avons ri. Un peu. Il fallait bien se sortir de ce mauvais pas. Mais en conservant le sourire. Oui, un jour, le fauteuil ferait son entrée dans la maison. Et alors.
Sans doute rien n'arriverait de plus.
Et qui plus est, ce fauteuil manquait encore à mon parent.
Et à moi, du même coup.
Rien de plus, ni de moins?
Pas si sûr.
Comme d'un brouillon on espère que sortira la forme finale, de ce rêve de fauteuil, que sortira-t-il si ce n'est.
Déception?
Nous verrons, Bosseigne et moi.
Nous.
Un + une.
Nous deux, donc.
Plus un fauteuil maternel revisité par une Tapissière énigmatique.
De deux nous passerons à trois.
CQFD.


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