lundi 4 janvier 2021

On va faire sauter un pont?

3 « Tu n’es point femme mais oiseau, Alors, - vole et chante. » Où est l’oiseau à qui dire ce refrain tout en observant sa métamorphose, tandis que la neige volète autour de nous ? Oiseaux noirs, grands et petits, presque invisibles. L’un sur le tas de bois me regarde. Puis, au sol, s’efforce de secouer des graminées gelées pour faire tomber des graines qu’il happe en un bond gracieux. Je ne sais qui tu es, l’oiseau, toi qui n’es ni merle, ni mésange, mais cours et file dire à mon amie qui tu es vraiment. Vous devez changer ce monde, dit le chat noir revenu de sa cachette pour m’entretenir de la vérité et du désespoir. Et pour quelque autre dessein sauvage. Je m’attends à ce qu’il me confie un secret à murmurer à la forêt, au loup dont nous avons vu les traces, au chevreuil. Mais non. Il se contente d’engloutir les déchets que je lui avais préparés. De quelle métamorphose sommes-nous les dépositaires en ces temps de misère ? Ici l’illusion est puissante de se croire à l’abri. Le chat est là pour m’ouvrir les yeux que la neige a éblouis. « On est là, au fond d’un ravin. On va faire sauter un pont. » Pour le moment, tenter l’impossible, cuire un nouveau pain. Pas de pont, la route est fermée. 2 janvier, 10 heures 45. Handke, De Toledo. Lectures d’hiver.

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