lundi 1 juillet 2019

"Moi, vieille écrivaine"...


« Parce que le temps, Fleur ou Sélamène, demeure et ne finit pas » .
Denise Le Dantec


Il y a de ces matins où on croit que tout commence ou recommence. Il suffit de presque rien.
L’air frais, le vent léger, l’odeur du café et des fleurs, on y est (presque).
Le chat qui saute sur les genoux demande amour. Le livre qu’on lit ouvre l’horizon et la colline devient immense dans la brume. Une Amérique ouverte devant soi. La beauté rejoint la laideur du monde et elles deviennent supportables. Ensemble. Réconciliant ce qui finit et recommence.
« Moi, vieille écrivaine », les trois mots employés par Colette m’appartiennent un instant et allègent les années que me rappellent à la fois les miroirs et les plus jeunes.
L’écriture, celle des matins, lue avec délice certains jours, ou écrite plus tard, juste après le café, semble à portée, enfin délivrée des pesanteurs et des métaphores, sèche et juste, telle la poésie d’Emaz.
Pourtant, non.
La brume verte autour des rosiers ?
La blancheur de la salsepareille, à côté du portillon ?
La pelote de fil gris avec son crochet planté de travers, en attente de ?
Relire Colette, relire, oui.
Sentir couler l’eau glacée sur ses jambes au retour du poulailler pour en chasser poussière et parasites.
Puis, continuer.
2 juillet


3 commentaires:

  1. Ce qui m'apparaît surtout, c'est une condition essentielle pour ce bonheur d'écrire, bonheur de lire, bonheur d'exister moment après moment, jour après jour : c'est la liberté d'habiter un lieu du monde (c'est-à-dire un lieu pour une part naturel et d'une manière ou d'une autre choisi). Tout le monde sait cela, mais ça n'est pas pour autant inutile de le dire, c'est même, à mon sens ce qu'il faut dire aujourd'hui, avant toute littérature. Bien sûr on peut le dire avec beauté, légèreté, intelligence comme vous le faites, mais encore faut-il que ce soit lu entre les lignes. Alors ça devient un écrit politique.

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  2. C'est vrai. je m'interroge beaucoup sur cet aspect du texte. dégagé/engagé: présent/passé/futur...merci de ces échanges; ils sont aussi engagement. me sens parfois dépassée et en avant, je ne sais comment dire...je ne suis pas indienne, même si liée profondément aux lieux...certains lieux, et Marseille en fait partie, même si douloureux et lointain...

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  3. Dans l'absolue et intime contradiction...

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