mercredi 12 décembre 2018

Petite Fani, reine des Zolnes


rose de Worpswede, cimetière où est Paula Modersohn Becker


Doigts froids, gourds, engourdis, pas dégourdie la petite Fani?
 allez savoir, toute la nuit a murmuré un long poème, 
endormie,
la Fani écrivait, 
minuscule enfant, répétant des noms 
estavayer, moudon, morat, corcelles, corset luisant de mots 
comme autant de mouches vibrionnantes, 
villon s'en mêlant et sa neige,
Petite Fani emmêlant ses cheveux à force d'anacoluthes,
à son tour,
réclamait des roses pour offrir à ses amies jardinières de nuit comme elle, 
marchant à grands pas du rêve, 
pour rattraper Jean et Denise, 
courant aux petits pas du réel, impossible d'aller plus vite, 
sautant des mots, 
attrapant en bouche les corrections et les noms, 
allant, allant, 
cherchant des yeux le sens à suivre, 
si loin, si loin, 
et Gaspard la frôlant, frêlon de l'ombre, 
sommes-nous bien loin, mon cher père, 
que nous ne voyions plus clair?

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