vendredi 12 février 2016

Y aller, à Antofagasta et en revenir. Peut-être.

Chaque fois qu'il était question de départ, Bosseigne rêvait d'un mot.
Cette fois, lui ne partait pas.
N'était-il pas de retour?
Ritorno in patria.



Seule sa compagne, sa parente, celle qui avec lui avait hérité de la maison où ils vivaient, partait. Sans lui. Pendant plusieurs jours, l'odeur du café rimerait avec sa solitude. Bosseigne serait seul à la sentir, à l'espérer, à imaginer ce qu'étaient les réveils avant le départ de sa parente. Ce qu'ils seraient à son retour.
Difficile à penser.


Bosseigne n'aimait pas le départ de sa compagne.
N'aimait pas être séparée. Partait pourtant. Revenait aussi.
Et chaque fois s'étonnait. Se demandait si partir n'était pas sa manière de dire qu'il redoutait le départ, c'est-à-dire la séparation. Alors autant devancer l'abandon possible en partant le premier. Mais cette fois,  non. Il était revenu de Marseille.
Et elle repartait. Sans lui.
Comme lui était parti sans elle.

Alors ce matin:
Antofagasta.
Le nom était venu tout seul.
Au réveil.
Premier mot dans la bouche.
Et tenter de le dire en prenant ensemble le café.

C'est au Chili, non? avait demandé sa parente.
Semblait distraite. Préoccupée.
Tout voyage est un voyage d'amour.
Mais qui aimait sa parente loin de lui?
Tu aimes ce nom?
Antofagasta?
Si loin ce nom que je peux tout supporter, répond en silence Bosseigne.
Et sa parente s'éloigne doucement de lui et de leur maison.

Tous deux restent en silence.
Chacun boit le café en dégustant les lettres du nom A.N.T.O.F.A.G.A.S.T.A.
et se fait une fête de la vie à venir.

Bosseigne, mon Bosseigne, ne crains rien.
Toi dont je ne dis jamais le nom ici, ne crains rien non plus.
Et leur vie continue.




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