jeudi 3 février 2022

Carré en vrac

 Carré en vrac


C’est le vrac qui l’emporte tu apportes un sac de tissu tu le remplis puis le pèses et hop tu as économisé du plastique du papier en bref tu as acheté en vrac ce que tu achètes d’ordinaire emballé l’écriture est-ce la même chose avec un carré tu remplis sans peser mais tu fourres tout en vrac l’origine des langues et des peuples avec le lombric du compost retrouvé dans un livre mais aussi le cheval blanc et le cheval noir encore échappés ce matin la poste du village voisin est ouverte je vais envoyer de vraies lettres et c’est aussi signe que ça revient l’encre qui tache un peu les doigts quelqu’un en rouge descend le talus avec un chien noir tout passe très vite dans le paysage le vent n’agite pas les pins comme les chênes le pin bouge latéralement les chênes défeuillés bougent maladroitement notre rosier aussi la cloche est à peine audible à cause de la tempête une invisible s’est décidée à venir entrouvrir la porte de l’église cheveux blancs dans le matin on dirait l’émissaire de l’hiver qui se glisse à l’intérieur et dans peu de temps ressortira dans le soleil tiède le vent a fini par caler déracinant ailleurs un mimosa mais pas le moindre dégât ici mon aujourd’hui fourmille du désir de courir à grandes enjambées respirer ce qui se prépare la femme aux cheveux blancs repousse la poussière entrée avec le vent sur le parvis où les ombres traversent les pierres les autres personnes qui ont charge d’ouvrir l’église ne se donnent pas tant de peine la chaise en plastique n’a pas quitté sa place sous le cèdre la vigneronne a repris du poil de la bête et parle fort comme aux vendanges les oiseaux dit la postière en prenant mon courrier sont revenus l’impatience du printemps ajoute-t-elle en me demandant si je veux choisir un carnet de timbres en riant je choisis les fleurs on en a besoin dis-je quelles sont-elles pensées primevères pétunias marguerites violettes gentianes fleuriront donc mon carré





1 commentaire:

  1. Carrés et rectangles font bon ménage.
    Ils se juxtaposent et flirtent sur leurs bords.
    Qui n'irait pas au plus simple en les associant ?
    Mais le carré est triste, répétitif;
    il ne sait jouer de ses motifs qu'avec des angles droits.
    C'est une surface sans imagination.
    Le carreleur s'ennuie, mais se prend à rêver.
    Il ne saurait que faire des tombées,
    lorsque le mur part de biais, s'invente des recoins,
    décrochements, et autres alphabets
    qui détournent son langage .
    La limite d'une pièce pose d'autres questions géométriques.
    C'est alors que notre carré de base évolue.
    Le trapèze n'est pas très loin.
    Il n'a pas la régularité pratique qui permet de l'empiler
    en colonnes régulières dans la fourgonnette...
    Il faut s'adapter, admettre les dissonances,
    éparpiller la couleur, et peut-être leur accorder
    quelques libertés.
    J'en vois déjà quelques un prêts à monter à l'assaut des murs,
    sortir de la planéité pour s'oser à dessiner d'étranges puzzles.
    Foin de la symétrie et de l'alignement. La surface a d'autre chose à dire...
    L'oblique a fait son entrée, s'est associée au rectangle.
    Le carreleur fantaisiste a même donné des idées aux fabricants de mobilier.
    Qu'ils s'agisse des bureaux sagement alignés, des cuisines intégrées
    ou de la simple tablette de chocolat, le carré est battu en brèche.
    On ne l'exclut pas,
    mais il doit partager son règne avec d'autres formes,
    brisé, contourné, il doit désormais tolérer la juxtaposition,
    la dentelle des zelliges, s'adapter aux courbes.
    Le standard laisse un peu de place à la créativité,
    et je ne m'en plaindrai pas.

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